Le ministre mettra-t-il la pressiondans Le ministre mettra-t-il la pressiondans le tube ?
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«C’est du plus, plus, plus. » Par ces mots, le ministre de l’Agriculture (lire l’interview page 22) entend bien montrer que le 1,2 milliard d’euros du plan de relance pour l’agriculture et la forêt s’ajoute aux crédits du budget de son ministère et à celui de la Pac. Bref, un supplément de subventions bienvenu pour financer des projets dont on entend parler parfois depuis longtemps comme le plan protéines, mais aussi des nouveaux comme celui de la conversion des agroéquipements ou la modernisation des élevages et des abattoirs. Objectif global : assurer notre souveraineté alimentaire. Un peu structuré comme une liste à la Prévert, ce plan accorde une large place à la transition agroécologique (bio, HVE, réduction des phytos…) tandis que les circuits courts, désormais tendance, ne sont pas oubliés. Le nouveau ministre veut-il donner un net virage à l’orientation de notre agriculture ? « Ce serait une folie » d’opposer les modèles d’agriculture, répond-il, car tous doivent contribuer à notre indépendance alimentaire, que ce soit l’agriculture d’exportation, celle de proximité, le conventionnel ou le bio. Dont acte !
Reste que notre souveraineté alimentaire ne sera assurée que si des jeunes s’installent. Or pour cela, ils doivent gagner leur vie et donc percevoir des prix rémunérateurs. Sur ce sujet fondamental, Julien Denormandie fera-t-il mieux que ses prédécesseurs ? Le ministre annonce une « fermeté totale » face à des prix « inadmissibles » et des dérapages dans la grande distribution. « Je mettrai une très forte pression dans le tube », précise-t-il, avec cette expression qui lui semble familière. Mais au niveau européen, il n’envisage pas pour autant de retour aux outils de régulation qui permettaient une certaine garantie des prix. Il entend cependant veiller à ce que les exigences environnementales ne créent pas de distorsions de concurrence entre pays. Ce qui n’est pas gagné.
Avec Julien Denormandie, le ministère de l’Agriculture retrouve à sa tête un agronome parfois intarissable sur des sujets comme le sol ou la gestion de l’eau. Un ministre qui estime que l’écologie doit « accompagner » et non « dénoncer ». Et qui, dans les médias, ne cherche pas à brosser dans le sens du poil l’opinion mais fait la part des choses sur des sujets sensibles comme les néonicotinoïdes ou le bien-être animal en intégrant la réalité du terrain. Ce qui change de certains de ses prédécesseurs. Il reste à ce proche du chef de l’État moins de deux ans avant la prochaine présidentielle pour mener à bien sa politique. Il devra donc mettre beaucoup de pression dans le tube. Les paysans jugeront ensuite ce qu’il en sortira.
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