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Méthanisation : réfléchir la conduite des cultures énergétiques

La production de cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive) doit être pensée au sein d'une rotation culturale.

Le programme Récital vise à aider les agriculteurs dans leur choix de systèmes de culture adaptés à la production de Cive. Ces dernières doivent être pensées en synergie avec la rotation culturale, notamment en termes de coûts.

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Si les cultures intermédiaires à vocation énergétiques, ou Cive, représentent une opportunité pour la production de biogaz, leur choix et leur conduite ont un impact non négligeable sur la rotation des cultures. Elles doivent donc être réfléchies en synergie avec l’ensemble des cultures principales qui la composent. C’est la conclusion du programme de recherche Récital, co-financé par GRDF et l’Ademe et regroupant divers partenaires dont Arvalis et l’association Aile (Association d’initiatives locales pour l’énergie et l’environnement).

Coûts indirects des cultures énergétiques

Parmi les facteurs à prendre en compte dans la production des Cive, le programme Récital s’est notamment intéressé à la question des coûts. « Si on réfléchit méthanisation, on va attendre pour récolter la Cive mais cela aura forcément un impact sur la culture principale suivante », explique Hugo Kech, chargé d’études biogaz au sein de l’association Aile, à l’occasion du salon Bio360 Expo de Nantes, le 25 janvier 2024.

La Cive représente un dilemme car le fait de maximiser sa production entraîne une perte de rendement pour la culture principale suivante. « Faire plus, ce n’est pas nécessairement faire moins cher. La Cive, comme souvent en agriculture, c’est un art du compromis », souligne Hugo Kech. En divisant simplement les charges fixes par le rendement de la Cive, les coûts liés à la perte de rendement sur la culture principale suivante ne sont pas intégrés. « Or, plus on attend pour récolter la Cive, plus cette perte de rendement va être significative ». Plus concrètement, la perte de rendement sur la culture principale ne compensera pas nécessairement les gains réalisés sur la Cive.

Le programme Récital a donc essayé de fournir quelques clés de lecture pour prendre en compte les coûts et impacts sur la culture principale liés à la conduite de ces cultures énergétiques. Pour améliorer la rentabilité de la production d’une Cive suivie d’une culture principale, les producteurs peuvent jouer sur la date de semis de la culture principale en la retardant plus ou moins par rapport à une date de référence sans production de Cive.

Cette marge de manœuvre s’exprime en nombre de jours entre la date de semis de référence de la culture principale (situation sans Cive) et la date de semis de la culture suivante après la production de la Cive, qui est également la date de récolte de la Cive. L’optimum correspond au nombre de jours où la somme des marges nettes de la Cive et de la culture principale suivante est maximisée. Par exemple, « si le prix de vente du maïs (culture principale suivante) est de 110 €/t et le prix de vente de la Cive est de 100 €/t, la marge nette globale est maximisée lorsqu’on récolte la Cive et sème la culture suivante 18 jours après la date de référence au 15 avril », détaille Hugo Kech.

Finalement, la date de récolte est avant tout un compromis entre le rendement biomasse de la Cive et l’impact sur le rendement de la culture suivante. Par ailleurs, « les coûts de la Cive ne s’arrêtent pas au rendu silo ». Les pertes liées au stockage dans les silos peuvent être importantes si les règles de confection ne sont pas respectées, en particulier la gestion du front d’attaque de celui-ci.

Documents d’aide à la décision

Coûts, choix d’espèces, dates de semis, résultats technico-économiques, indicateurs environnementaux… Le programme Récital a capitalisé, entre novembre 2019 et septembre 2023, de nombreuses informations remontant d’un réseau de plus de 70 essais sur les Cive. Cela c'est fait vec l’appui d’une large gamme d’acteurs de la filière méthanisation. L’objectif  : Aider les exploitants agricoles à choisir des systèmes de culture adaptés à la production de Cive ainsi qu’optimiser la rentabilité globale de leur système de culture.

Les résultats et recommandations pratiques ont été publiés en octobre 2023 sous forme de documents pédagogiques à l’échelle nationale ainsi que pour chacune des cinq grandes régions : Grand Ouest, Centre Île-de-France, Sud-Ouest, Rhône-Alpes et Grand Est.

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