« Cultures énergétiques et pulpes au menu du méthaniseur »
Dans la Seine-et-Marne, trois exploitations se sont associées pour construire un méthaniseur alimenté essentiellement par des cultures intermédiaires à vocation énergétique d'été et d'hiver, et des pulpes de betteraves.
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« Mon épouse et moi travaillions déjà en commun avec un voisin, Pierre-Louis Dupire, raconte Pascal de Gélis. Pour le projet de méthaniseur, nous nous sommes associés avec une troisième exploitation, celle de Thibault Angrand. Sans ce projet de diversification qui nous donne de la visibilité à long terme, nous n'aurions peut-être pas repris l'exploitation familiale », souligne-t-il. À eux trois, ils cultivent 1000 ha en blé tendre, escourgeon, maïs, colza, betteraves et féverole.
Mis en service à Chauconin-Neufmontiers, dans la Seine-et-Marne, en octobre 2021, le méthaniseur de Brie Bio Énergie nécessite entre 18 000 et 20 000 tonnes d'intrants par an pour injecter 200 Nm³/h de biométhane sur le réseau GRDF. Il est alimenté essentiellement, à part égale, par des cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive) d'été (maïs), des Cives d'hiver (escourgeon ou seigle) et de la pulpe de betterave issue de la sucrerie. Selon les années, s'ajoutent également un peu de résidus de silos de coopératives locales, de drêches d'orge et de blé issus de brasseries, et de tonte de gazon de la commune.
Sols couverts toute l'année
Pour alimenter le méthaniseur, l'escourgeon et le seigle ont été intégrés dans l'assolement et la part de maïs a été réduite. « Au total, nous semons environ 300 hectares d'escourgeon ou de seigle à la fin de septembre ou au début d'octobre. La moitié est ensilée immature le début de mai pour le méthaniseur et l'autre moitié est récoltée à la fin de juin ou au début de juillet en culture de vente pour le grain. Dans la foulée de l'ensilage de la céréale en mai, pour profiter de l'humidité résiduelle du sol, nous semons 150 hectares de maïs qui sera vendu en grain. Nous en semons également 150 hectares au début de juillet après la récolte de l'escourgeon, et 80 hectares après blé. Les variétés plus précoces, avec un cycle plus court, sont destinées à alimenter le méthaniseur. Tout le maïs est récolté en octobre. »
Si pour l'ensilage, les associés font appel à un prestataire, ils ont investi 180 000 € dans un semoir en combiné avec un strip-till pour le maïs. « Grâce à cet outil, la ligne de semis est mieux refermée et le contact sol/graine assuré, ce qui nous permet de diminuer la densité, précise Pascal de Gélis. Nous avons également réduit l'écartement de l'interrang, de 80 à 50 cm pour couvrir plus rapidement le sol et mieux gérer les adventices. » Pour alimenter le méthaniseur, le rendement visé en maïs est de 30 à 35 tonnes de matières brutes par hectare (t MB/ha), et de 40 à 45 t MB/ha en escourgeon.
Selon les conditions météo, à la place du maïs semé au début de juillet, les agriculteurs sèment des petites surfaces de tournesol ou de sorgho.
De 40 à 45 unités d'azote
Le digestat sert à fertiliser les Cives en priorité. Pour celles d'hiver, un apport de 35 m³/ha est réalisé en février, mars. Pour les Cives d'été, il est réalisé autour du semis, au début de juillet. « On estime que chaque apport équivaut à 40 à 45 unités d'azote, compte Pascal de Gélis. Selon le volume de digestat produit, nous fertilisons aussi les cultures de vente, ce qui nous permet de faire l'impasse en phosphore et potasse depuis deux ans. »
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