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Méthanisation Les modèles céréaliers en force

L’un des derniers projets à être entré en phase de travaux se situe dans la plaine champenoise. Quarante exploitants se regroupent pour injecter du biométhane dans le réseau GRTGaz. La production pourra approvisionner l’équivalent de 2 330 foyers.

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La méthanisation, c’est l’affaire de tous les agriculteurs, pourrait-on résumer dans un slogan, les céréaliers y compris ! Si l’on associe souvent la production de biogaz aux élevages, de nombreux polyculteurs, céréaliers, betteraviers et planteurs de pommes de terre y songent aussi, et pas qu’en se rasant. Ces derniers mois, de nombreux projets entrent en phase d’enquête, voire en phase de travaux.

 

C’est le cas du projet au statut agricole Métha-Horizon, situé dans la Marne, au sud-ouest de Châlons-en-Champagne. Les agriculteurs sont au nombre de 40 et sont majoritaires en parts. Parmi eux, les éleveurs sont minoritaires, seulement « 2 ou 3 exploitations, en bovins et porcins », précise Evergaz, qui apporte notamment le développement technique.

Procédé hybride

La solution adoptée est d’ailleurs hybride, mêlant un procédé en « voie sèche » et un procédé en infiniment mélangé. Car outre les lisiers, les intrants agricoles — 51 % des 34 675 tonnes annuelles pouvant être traitées — ont une forte teneur pailleuse : cultures intermédiaires, tontes… Les 49 % restants sont constitués de glycérine et d’autres éléments apportés par des coopératives, comme des pulpes de betteraves. Le biogaz produit aura une teneur en méthane de 54 % et sera épuré. Le biométhane obtenu sera injecté dans le réseau de transport de GRTGaz : 2,6 millions de normo mètres cubes de biométhane par an.

 

Au total, l’investissement s’élève à plusieurs millions d’euros. Le fonds Eiffel Energy Transition accorde le premier financement obligatoire d’une unité de méthanisation : 8,3 millions d’euros pendant la période de construction, dans l’attente de la conclusion d’un financement bancaire senior. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) aide à hauteur de 2,3 millions d’euros. La mise en service devrait avoir lieu au mois de mai 2019. Le retour sur investissement est prévu sur 15 ans.

Diversification

Avec Marnay Energie, utilisant des déchets pailleux et du marc de raisin, les initiatives de céréaliers comme Julien Deville, dans l’Allier, Jean-François Delaitre, dans la Seine-et-Marne, O’Terres Energie en Seine-et-Marne aussi, ou encore Pierre-Henri Roland, exploitant dans l’Oise, confirment l’émergence de projets à 100 % ou à forte tonalité céréalière. Si l’on s’éloigne alors quelque peu des problématiques d’élevage liées à la gestion des effluents et de l’azote, la fertilisation des cultures reste un argument des polyculteurs.

 

Tout comme la diversification des revenus et l’utilisation des Cive (1). L’aspect financier des projets peut par contre différer. Les fermes céréalières ou à cultures dites industrielles sont moins fréquemment soumises aux crises et peuvent se montrer plus solides. De façon générale, elles sont aussi géographiquement moins défavorisées pour les accès aux réseaux de gaz et d’électricité. Autant de points méticuleusement scrutés par les banques, les fonds d’investissement et par les assureurs.

 

(1) cultures intermédiaires à vocation énergétique.

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