Méthanisation « Je ne transporte plus de digestat liquide »
Damien Pruvot a installé 4,5 km de canalisations pour transporter son digestat. Ainsi il n’a plus besoin de traverser le village avec une tonne à lisier, il réduit donc ses nuisances au voisinage.
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Les passages fréquents de tracteurs constituent une crainte pour les riverains de projets de méthanisation. Damien Pruvot épargne autant que possible son voisinage de ces nuisances. Naisseur-engraisseur avec 350 truies à Loché-sur-Indrois, dans l’Indre-et-Loire, il exploite également une unité en cogénération de 235 kWé (kilowatts électriques) depuis février 2020.
Une fosse de 4 000 m³ est située sur le site, elle stockait auparavant les lisiers, et stocke désormais les digestats. Une fosse d’appoint de 2 000 m³ est située à l’autre bout de la commune, dans une zone où l’éleveur exploite des parcelles.
« Avant, la vidange de la fosse principale mobilisait un salarié durant deux semaines pour ne faire que du transport à la tonne, se souvient Damien. Ce transfert coûtait cher et créait des nuisances, car il y a le village à traverser. »
Un tracé réfléchi
L’éleveur s’est donc équipé pour réduire les gênes au voisinage et la dégradation des routes. Il a installé une canalisation qui relie ses deux fosses. À vol d’oiseau, une distance de 3 km sépare les deux sites. C’est pourtant 4,5 km de tuyaux qui ont été enterrés. « J’ai passé beaucoup de temps à étudier les tracés potentiels, en prenant en compte plusieurs paramètres, explique Damien.
Il fallait maximiser le passage par mes parcelles, pour limiter les demandes d’autorisation et avoir des bouches pour épandre sans tonne (voir l'encadré). Les zones d’habitation étaient à éviter, ainsi que le passage de la route départementale et celui de zones d’importance hydrologique. »
Environ 15 € par mètre
Le chantier a été réalisé en trois tranches, pour respecter les cycles culturaux des parcelles traversées. En accord avec les administrations locales, l’ouvrage sous-terrain passe sous des routes communales et un cours d’eau. Les travaux de fonçage ont été réalisés par une entreprise spécialisée. En tout et pour tout, il a fallu débourser 70 000 euros pour cette installation, soit un peu plus de quinze euros par mètre linéaire. « Cette somme est répartie de manière égale entre les fournitures de matériels et le génie civil, détaille Damien. Si je compare au coût d’achat et d’utilisation d’une tonne à lisier, les charges d’épandage sont équivalentes, mais les charges de transport sont largement réduites. »
Il faut désormais un peu moins de deux jours à Damien pour remplir la fosse d’appoint. Un tracteur anime une pompe dont le débit est compris entre 100 et 150 m³/h. « Il n’y a même pas besoin de chauffeur sur ce tracteur, il ne bouge pas, c’est juste la prise de force qui tourne. Il ne faut pas trop s’éloigner, mais je peux faire d’autres choses pendant ce temps. » Damien a réduit de 80 % sa consommation de carburant pour le transfert et réalise des économies de mains d’œuvre. « C’est un plus, mais l’essentiel pour moi, c’était surtout de réduire les nuisances, souligne l’éleveur. Ça n’a pas de prix de vivre dans un contexte apaisé. » Un séparateur de phase garantit une bonne fluidité du digestat pour son transfert dans les tuyaux. La partie solide est épandue sur les parcelles qui ne sont pas bordées par la canalisation ou par une fosse.
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