« À huit jours près, j’étais mort »
Faute de médecin traitant, Jean-Paul Verdaine, éleveur dans la Loire, a vu sa santé se dégrader pendant un an et demi sans qu’aucun diagnostic ne soit posé, jusqu’à ce qu’un médicobus le sauve in extremis en révélant un diabète sévère.
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Jean-Paul Verdaine est éleveur de vaches allaitantes à Saint-Nizier-sous-Charlieu, dans la Loire (Auvergne-Rhône-Alpes). En l’espace de dix-huit mois, il perd 35 kg sans comprendre ce qui lui arrive. Son état se dégrade, mais impossible de consulter un médecin.
Ce n’est qu’à l’occasion du passage d’un médicobus (un bus médical itinérant), qu’il parvient enfin à obtenir une consultation. Le praticien l’envoie d’urgence à l’hôpital le plus proche. En dix minutes, Jean-Paul est hospitalisé et le diagnostic tombe : il est atteint d’un diabète sévère. « Les médecins m’ont dit que si j’avais attendu huit jours de plus, j’étais mort », confie l’agriculteur.
Médecin partie en retraite
« Moins je vais chez le toubib, mieux je me porte ! » révèle Jean-Paul. Alors, sans surprise, lorsque sa médecin traitante part à la retraite sans être remplacée, il attend plusieurs mois avant de chercher à consulter. « Comme je ne me sentais pas bien, j’ai contacté deux ou trois médecins, mais à chaque fois, c’était la même réponse : leur patientèle était complète, ils ne prenaient personne. J’ai fini par laisser tomber, en me disant que ça passerait », raconte-t-il.
L’état de Jean-Paul se dégrade rapidement, au point de l’empêcher de travailler normalement. Son frère vient régulièrement l’épauler à la ferme, mais cela ne suffit pas à enrayer une perte de poids fulgurante et des chutes de tension répétées. Par chance, il entend parler des médicobus et obtient un rendez-vous médical dans la semaine.
« À ce stade, je me sentais tellement mal que je pensais avoir un cancer, poursuit Jean Paul. J’y suis donc allé une première fois et le médecin m’a prescrit une prise de sang. Quand j’y suis retourné avec mes résultats, ils m’ont envoyé directement aux urgences. Je suis arrivé à 15h30 avec un courrier du médecin, dix minutes après, j’étais déjà allongé sur le brancard. Les médecins ne comprenaient pas comment j’avais pu ne pas faire de malaise et être encore debout après un an et demi sans traitement. »
Des risques pour la suite
À ce jour, l’agriculteur n’a toujours pas trouvé de médecin traitant. Il dépend désormais du médicobus pour ses consultations, ses éventuels changements de traitement ou en cas d’urgence. Mais cette longue période sans suivi médical n’est pas sans conséquences. « Je vais passer plusieurs scanners en août pour vérifier mon pancréas car il y a un risque. Si j’ai un cancer du pancréas, c’est foutu pour moi », estime-t-il.
Les déserts médicaux sont certes en cause, mais la profession agricole en elle-même favorise l’absence de traitement. « On ne parle pas vraiment de la santé entre agriculteurs, c’est un peu tabou… Le temps de travail n’aide pas non plus, on a tout le temps la tête dans le guidon. Mais bon… J’ai fini par devoir y aller et m’organiser », admet l’agriculteur.
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