Des sols plus fertiles grâce au maraîchage sur sol vivant
Maraîcher sur un demi-hectare dans la Drôme, Corentin Moriceau s'assure de bons rendements grâce à des sols en bonne santé.
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Dès son installation au sein du Gaec « Les Jardins des Buis » en 2017, Corentin Moriceau a fait le choix de se lancer dans le maraîchage sur sol vivant. Ce mode de production initié par des maraîchers en 2012 s’appuie sur trois grands principes agroécologiques : la réduction ou l’arrêt du travail du sol, l’apport de matières organiques et la couverture permanente des sols. L’objectif : restaurer et protéger la vie des sols. Corentin partait de loin, avec une terre argileuse tout au plus composée de 2 % de matière organique (MO). Sept ans plus tard, les analyses rapportent un bond du taux de MO et 18 tonnes de vers de terre par hectare contre une tonne à son installation. Les multiples turricules qui parsèment ses terres au printemps témoignent de cette vie retrouvée.
Des sols équilibrés en matières organiques
Corentin a dès le début opté pour un arrêt du travail du sol. Rassuré par les études pédologiques de ses sols, certes pauvres mais toujours vivants, il n’a pas eu à pratiquer de décompactage. « Il n’y avait ni semelles de labour, ni tassements, ni hydromorphie », souligne le maraîcher. Il n’a donc pas hésité à amender dès 2017 ses 126 planches de culture avec 150 tonnes de compost, pour obtenir une couche de 15 cm d’épaisseur. « C’est un investissement au départ, mais je suis tranquille pour au moins 30 ans ! » indique-t-il. En protégeant le sol de la lumière, du vent et du dessèchement, le compost crée un environnement favorable au développement des micro-organismes. En revanche, il ne les nourrit pas, contrairement à la matière organique fraîche. Sur l’exploitation, cette dernière est apportée par l’herbe qui pousse spontanément sur les passe-pieds, fauchée une dizaine de fois par an et laissée sur place. « Quasi inexistante à mon arrivée, la matière fraîche représente aujourd’hui 45 % de la matière organique totale des sols », se réjouit Corentin. Le compost et la matière organique fraîche apportent ainsi respectivement le gîte et le couvert aux micro-organismes du sol.
Des rendements importants
Grâce à la minéralisation de l’azote organique, les micro-organismes sont une source d’azote importante pour les cultures. « En 2019, des analyses ont montré que la vie du sol générait 300 unités d’azote par hectare sur la saison », rapporte Corentin. Mais pour atteindre les rendements souhaités sur ses trois rotations productives par an, il évalue plutôt ses besoins à 800 unités. Il a donc adapté sa fertilisation azotée, en apportant des granulés immédiatement après l’implantation, puis de la vinasse de betterave en ferti-irrigation de manière quotidienne à partir de la quatrième semaine.
Grâce aux pratiques de maraîchage sur sol vivant mises en place, ses sols auparavant pauvres ont aujourd’hui une très bonne fertilité, et cela se ressent sur ses rendements. Sa production à l’hectare s’élève à 200 000 euros hors taxes. Travaillant sur une toute petite surface — un demi-hectare occupé mais un quart cultivé — cette forte productivité est nécessaire et conditionne la survie de son activité. D’autant plus que celle-ci emploie trois personnes à plein temps. « Notre système est adapté à de la petite surface et à une équipe importante », avertit Corentin. Son conseil pour bien démarrer : s’entourer de techniciens et de personnes compétentes, et surtout, ne pas chercher à copier une méthode toute faite sans avoir réalisé une étude approfondie de ses sols au préalable.
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