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Augmenter le taux de matière organique du sol pour gagner en résilience

En agriculture de conservation des sols (à droite), les techniques culturales permettent d'augmenter la teneur en matière organique du sol, et donc la qualité structurale.

Les matières organiques (MO) des sols, qui remplissent de nombreuses fonctions agronomiques, sont des alliées des systèmes cultivés.

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Les fonctionnalités de l’horizon travaillé du sol sont directement corrélées à la teneur en matière organique. Que les propriétés soient physiques (structure), chimiques (disponibilité en éléments nutritifs) ou biologiques (biodiversité), une relation de proportionnalité est démontrée scientifiquement, plaçant la matière organique (MO) comme premier facteur de qualité du milieu. Ainsi, dans un sol dit « dégradé », augmenter la teneur en MO va permettre d’améliorer l’infiltration de l’eau, réduire la battance, augmenter la réserve utile, élever la CEC, stimuler l’activité biologique, rendre disponible une plus grande quantité de nutriments pour les plantes… C’est la fertilité globale qui s’en trouve régénérée.

Suivre l’indicateur MO/argile

« Ce n’est pas la quantité de matière organique qui compte, mais le rapport MO/argile », explique Pascal Boivin, docteur en sciences du sol et professeur à l’Hepia (1) de Genève. Son équipe et lui ont déterminé en 2017 qu’il était un indicateur fiable pour appréhender la qualité structurale. Le seuil de basculement entre un sol physiquement vulnérable et un sol résilient se situe à 17 %. Par exemple, pour une teneur en argile de 15 %, le taux minimum de MO à viser est 2,5 % (15*0,17 = 2,5). « Si le rapport atteint la limite basse de 12 %, d’importantes difficultés agronomiques sont observées », précise-t-il. La démonstration est valable pour des teneurs en argile allant jusqu’à 60 %. Aujourd’hui, cet indicateur est repris par l’Union européenne dans son projet de définition des critères de santé des sols.

« Remonter les taux de MO, c’est long, prévient le chercheur. Cependant, si la situation de départ est très dégradée, les premiers résultats sont rapidement visibles et encourageants ». Il existe plusieurs leviers pour améliorer la qualité du sol, le plus puissant étant l’implantation de couverts végétaux. Viennent ensuite les amendements organiques et la réduction de l’intensité du travail mécanique. La fréquence de présence des couverts, la diversité des espèces du mélange et la biomasse produite sont les éléments clés de la réussite. Une grande proportion de légumineuses est conseillée. Mais la question du rendement de l’interculture est cruciale. « Sur le canton de Genève, des programmes d’intensification ont amené les agriculteurs à viser des biomasses de 8, 10 voire 12 t MS/ha, ce qui se révèle très efficace pour accroître la teneur en MO. Dans des terroirs voisins qui n’ont pas bénéficié de ce travail, il est courant de se réjouir de rendements à 3 t MS/ha (2) et de considérer cela comme un maximum, ce qui doit être remis en cause », conclut Pascal Boivin.

(1) Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture. (2) Tonne de matière sèche par hectare.

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