« J’ai développé une activité de stockeur »
Dans le Maine-et-Loire, Anthony Lascaud a investi dans des bâtiments pour entreposer plus de 11 000 tonnes de grain.
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« On n’est plus à l’époque où être travailleur et courageux suffit. Si le marché n’est pas porteur et la météo pas bonne, les marges de manœuvre sont faibles et le droit à l’erreur quasi inexistant. C’est pourquoi, après la pépinière gérée par mon associé, nous nous sommes diversifiés en développant les activités de stockage », explique Anthony Lascaud, agriculteur à Noyant-Villages, dans le Maine-et-Loire.
En effet, certains organismes stockeurs (OS) souhaitent aujourd’hui externaliser. Ils doivent pourtant avoir un maillage homogène sur leur territoire. Ici, Anthony a donc proposé ses services à la CAPL (Coopérative agricole du Pays de Loire).
Deux ans de travaux
Alors qu’avant l’exploitant stockait sa récolte à la ferme à hauteur de 300 tonnes — équivalent blé tendre —, désormais, c’est 11 500 tonnes qu’il entrepose : 8 500 tonnes à plat, et 3 000 tonnes en cellules verticales (voir le plan). Une plateforme extérieure non couverte d’environ 2 000 tonnes et attenante à son bâtiment a aussi été créée pour permettre à la coopérative de faire la collecte des grains d'adhérents.
« Le stockage à plat est plus économique en infrastructure et, équipé de panneaux photovoltaïques, il permet la production et la vente d’énergie. Mais certains labels comme CRC (Culture raisonnée contrôlée) n’autorisent pas la reprise de céréales par chargement avec engins thermiques, à cause du risque de fuites qui pourraient souiller le grain, ce qui exclut le stockage à plat », précise Anthony.
« L’objectif est de proposer une solution complète et adaptée aux besoins du marché. »
Cet important projet a été lancé mi-2022 et la première récolte stockée dans le hangar en 2023. La première cellule verticale a pour sa part été mise en route fin 2023. La seconde vient d’être finalisée et sera remplie de cultures d’automne.
Le grain est ensuite apporté par semi-remorques. La marchandise est observée et de nouveaux prélèvements sont réalisés. « Cet été, j’ai refusé entre autres un camion avec du grain trop humide, rapporte Anthony. Malgré toutes les précautions, la prise d’échantillon reste aléatoire, et nous ne sommes pas à l’abri de soucis. » C’est alors à la coopérative que reviendrait la décision d’intervenir pour retravailler le grain le cas échéant (triage, insecticide…). En effet, Anthony Lascaud n’est que prestataire de stockage.
Trois paliers de ventilation
L’installation a été conçue pour éviter toute prolifération d’insectes ou de moisissures. « La clef, c’est le nettoyage et les ventilations », appuie-t-il. Ainsi, à la vidange des cellules, un premier nettoyage est réalisé à l’aide d’un gros aspirateur industriel. Il est réitéré avant le remplissage. Les insectes aimant se cacher dans tous les recoins et aspérités, il faut particulièrement insister sur le plancher perforé (dans les cellules verticales) et les bandes perforées (tous les 2 mètres dans le hangar) ainsi que sur les outils de transfert (transporteurs, élévateurs à godets, fosses d’élévateur, etc.). Côté ventilation, trois paliers sont nécessaires. Juste après la moisson le grain arrive à 30-35 °C et dès que les nuits sont plus fraîches, il est ramené à 20-25 °C. Le deuxième palier, avant l’hiver, vise les 16-17 °C. Enfin le dernier, vers la fin décembre, permet de le descendre à 12 °C.
« Avant, les ventilateurs étaient mis en route avant de se coucher et éteints le matin. Pourtant, d’un point de vue économique comme technique, il est préférable de n’intervenir qu’aux périodes optimales », constate l’agriculteur. Pour être le plus précis possible dans le déclenchement et l’arrêt de sa ventilation, il a donc opté pour le système Javelot (voir encadré).
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