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« J’augmente la production laitière grâce au temps supplémentaire couché »

L’absence de barre au garrot est remplacée par des corps sphériques.

Performance, gain en confort de travail et bien-être de ses vaches font partie des principales raisons qui ont encouragé Mickaël Salles à innover avec des logettes dépourvues de barres au garrot pour son troupeau de normandes.

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À Le Châtellier (Orne), au cœur du bocage normand, les 150 vaches de Mickaël Salles évoluent dans les logettes de l’entreprise CowHouse depuis près d’un mois. Auparavant en aire paillée, l’éleveur a fait le choix de rénover son bâtiment à l’automne 2024 avec l’installation de 148 logettes Dreamstall.

Mickaël Salles a choisi de rénover et d'agrandir son bâtiment d'origine avec l'installation de logettes sans barres au garrot. (©  Clotilde de Gaillard/GFA)

Si la taille du troupeau est restée identique, ce changement a toutefois nécessité la construction d’un nouvel espace de 800 m², accolé au premier bâtiment d’origine, afin d’avoir suffisamment de surface pour les logettes et les couloirs de circulation. Une aire paillée a par ailleurs été conservée sur l’exploitation pour les vêlages et l’infirmerie.

« Cela fait deux ou trois ans que je réfléchissais pour trouver la meilleure solution possible à la fois pour le confort de travail et celui des vaches. Mon choix s’est porté sur ce système de logettes, et aujourd’hui ça me convient, je suis satisfait », explique le chef d’exploitation.

Celui qui a repris l’exploitation familiale en 2006 raconte avoir progressivement agrandi l’élevage, passant d’une production de 300 000 litres lors de ses débuts à 1 080 000 litres de lait annuel aujourd’hui. Il est installé en SCEA (1) avec deux salariés, ainsi que sa femme à 10 %.

L’exploitation s’étend sur 160 hectares, dont 43 ha de prairies permettant de répondre aux exigences de pâturage du cahier des charges de l’AOP, qui en requiert six mois minimum. C’est la laiterie Gillot, située à Saint-Hilaire-de-Briouze dans l’Orne, qui collecte le lait de l’exploitation et assure sa transformation en fromages et produits laitiers.

Maximiser les heures de couchages

« Je suis surpris du grand nombre de vaches qui sont couchées juste après la traite. Elles sont vraiment bien là », observe Mickaël, à peine un mois après l’installation des logettes. À l’exception de certaines vaches ayant des problèmes de vue, le troupeau s’est vite habitué à son nouvel espace de couchage.

Plus larges, les logettes Dreamstall permettent aux bovins d'étendre leurs membres. (©  Clotilde de Gaillard/GFA)

Avant, à cause du temps de paillage, « les vaches passaient obligatoirement beaucoup plus de temps debout, jusqu’à 3 ou 4 heures à chaque fois ». À présent, son intention est d’arriver à ce qu’elles passent « en moyenne 60 % de leur temps couché », pour maximiser la production de lait. L’exploitant précise que ces dernières années, l’élevage rencontre régulièrement des creux de production au début de l’été. Il compte désormais sur le confort des nouvelles logettes pour y remédier. « L’objectif est de monter en production toute l’année grâce au temps supplémentaire que les vaches passent couchées ».

Des logettes larges de 1,30 mètre

D’une largeur de 1,30 mètre et sans dispositif de séparation verticale, ce système de logettes offre davantage d’espace pour le couchage des bovins. L’absence de barre au niveau du garrot est compensée par des corps sphériques, qui permettent aux animaux de maintenir leur tête levée.

Des cadres de guidage remplacent les séparateurs verticaux pour s'assurer que la vache reste droite. (©  Clotilde de Gaillard/GFA)

Des cadres de guidage assurent que la vache soit droite en se couchant, tout en lui donnant la possibilité de davantage étendre ses membres. Un vrai plus pour le bien-être de ses vaches, affirme l’éleveur. Par ailleurs, une barre noire au sol, « genouillère », permet de délimiter l’avant de la zone de couchage pour éviter que les vaches ne s’avancent trop dans la logette.

Du confort de travail

Passer d’une aire paillée à des logettes paillées est un changement que ne regrette pas l’éleveur. Avant, le curage mobilisait a minima une personne sur la journée entière, deux fois par semaine, soit « beaucoup de manutention ». Autant de temps gagné, puisque la litière est désormais confectionnée grâce au passage de la pailleuse, qui effectue également le nettoyage en bordure des logettes grâce à une brosse rotative, « 10 minutes deux fois par jour ».

Mickaël espère obtenir un retour sur investissement rapide, grâce aux économies d’achats de paille par rapport à son ancien fonctionnement sur aire paillée, qui consommait environ 400 tonnes de pailles par an, ainsi que les heures de curage et de paillages en moins. « Dans un an, j’aurai un impact sur la trésorerie à peu près égal », estime-t-il.

Autre point souligné, les vaches sont « beaucoup plus propres », note l’éleveur. Ce qui « permet de gagner 15 minutes à chaque traite, car on passe moins de temps à nettoyer avec des lavettes, ça permet davantage de confort de travail ». Il espère également éviter mammites et cellules, en veillant de près à la propreté des logettes.

Le paillage prend désormais « 10 minutes deux fois par jour ». (©  Clotilde de Gaillard/GFA)

Concernant les pododermatites, Mickaël Salles avait fait part à l’avance de ses craintes, mais depuis que les bovins sont rentrés dans le bâtiment à la mi-novembre, il n’en a pas encore observé. « J’espère avoir moins de problèmes de pattes, parce que les vaches passent moins de temps debout, confie-t-il. Si ça peut continuer comme ça, je signe. »

(1) Société civile d’exploitation agricole.

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