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« Je trais sur un pont mobile fait maison »

Pour un meilleur confort de traite, la SCEA du Fief utilise un pont mobile, construit à la ferme.

Dans le village picard de Bouillancourt-en-Séry, la SCEA du Fief a construit un pont mobile dans la salle de traite, afin d’améliorer le confort de Jean-Charles Lugand et des autres trayeurs.

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Il y a onze ans, la SCEA du Fief a inauguré un nouveau bâtiment composé d’une stabulation pour accueillir environ 160 vaches laitières, ainsi que d’un roto de 27 places en traite intérieur. Guillaume Duval, le gérant de la ferme, a voulu en profiter pour optimiser le confort de Jean-Charles Lugand, le vacher de la ferme, tout comme celui des autres salariés pouvant être amenés à traire. Pour cela, il a confectionné un pont mobile pour la salle de traite.

Plus grand, plus nombreux

La construction du bâtiment a été l’occasion d’agrandir le troupeau en doublant le nombre de bêtes. Si la durée du travail n’a pas été beaucoup allongée grâce à la nouvelle salle de traite, la cadence en revanche a augmenté. Aussi, l’organisation a été modifiée avec une seconde personne pour accompagner le trayeur, celle qui s’occupe de parquer les vaches et de donner la ration. Par la suite, une rotation de trois équipes sera mise en place, faisant monter le nombre d’utilisateurs de la salle de traite à plus de six.

Six personnes, cela veut dire six tailles différentes allant de 1,70 m à plus de 1,90 m. Une différence de taille qui peut compliquer le travail en salle de traite. Pour répondre à ce problème, Guillaume a trouvé une solution : utiliser un pont mobile sur la zone de branchage. Situé dans le premier quart du roto, il permet à Jean-Charles de laver les vaches, puis de les brancher quelques mètres plus loin.

La conception

« L’intégralité de la construction a été faite ici », confie Guillaume, qui a effectué les plans et la construction du pont. « Pour avoir exactement ce que nous voulions, nous avons acheté la ferraille nécessaire, et récupéré d’autres éléments de notre stockage. » L’un de ces éléments est le cric d’une ancienne machine, utilisé ici pour monter ou descendre le pont. En pompant sur ce dernier, l’huile va être envoyée dans un répartiteur puis distribuée à deux vérins verticaux, sous le pont. Ils vont alors s’étendre et pousser le pont vers le haut, qui va coulisser sur deux rails verticaux fixés au muret. Ces rails permettent au pont entier de rester entièrement à l’horizontale. Et pour la descente du pont, il suffit d’ouvrir le robinet du cric.

Avec ce mouvement, le pont mobile peut se déplacer sur 30 cm. Alors que le sol se situe à 105 cm du quai, le pont permet de faire varier cette hauteur entre 87 et 117 cm. Environ 15 cm plus bas ou plus haut que le sol, ce qui représente la hauteur d’une marche classique lorsque le pont se situe au plus bas ou au plus haut. La hauteur, c’est justement ce à quoi il fallait faire attention. Guillaume explique : « Je me suis basé sur la pompe à lait, elle est basse et plus au centre que les autres éléments. Le but était que monté à fond, le pont ne gêne pas la cuve. »

Pour sa longévité, il fallait que tous les éléments résistent à l’eau, signale Jean-Charles : « Le roto est lavé à chaque utilisation, et le pont ne fait pas exception. Même pendant la traite, il n’est pas rare que j’en lave une partie quand il y a beaucoup de bouse. »  Pour cela, le bâti du pont a été galvanisé d’un bloc. Le plancher en revanche n’a pas eu besoin de ce traitement, puisqu’il s’agit de tôles striées en aluminium, fixées à l’aide de rivets en inox.

D’une pierre deux coups

Sur le plancher du pont, une trappe est visible au centre. Elle permet de descendre sous le pont. D’abord, pour intervenir sur la structure en cas de problème. Les vérins par exemple ne sont accessibles qu’en descendant par cette trappe. L’autre raison est que la fondation du pont possède une double utilité. « La salle de traite possède cinq points d’écoulement des eaux, tous dirigés sous le pont. Il fait office de préregard, avant que l’eau ne parte dans le regard situé en bas du tunnel d’accès », développe Jean-Charles. De cette façon, chaque objet qui tombe dans les points d’écoulement passe sous le pont, bloqué par la faible pente de béton, et évitant ainsi tout problème.

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