Des techniques prospectives contre les viroses des céréales à paille
Fauche du blé à l’automne, paillage, couverts… Des leviers de lutte innovants sont testés par Arvalis pour lutter contre la jaunisse nanisante de l’orge (JNO) et la maladie des pieds chétifs.
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Tous les ans, Arvalis met en œuvre des essais pour tester des produits conventionnels et de biocontrôle (lire page 44), mais aussi des techniques culturales. L’institut a par exemple évalué la technique des coupes précoces de blé en 2024. Celle-ci consiste à tondre le blé à l’automne en misant sur sa capacité de rattrapage et sur le fait que la perte imputable à cette coupe serait moindre que celle attribuable aux pucerons. La technique n’a toutefois pas été concluante.
Brouiller la perception des pucerons
« On teste en ce moment le paillage des céréales, pour la deuxième année consécutive : cela peut être intéressant, indique Robin Comte, ingénieur spécialiste des ravageurs chez Arvalis. L’idée est de cacher les céréales à paille de la vue des pucerons pour empêcher les infestations primaires. En effet, pour se repérer, le puceron s’appuie en partie sur le contraste de couleur entre le sol et la plante. »
Dans la même veine, une demi-douzaine d’essais de semis sous couvert a aussi été réalisée il y a quelques années. « Nous n’avions pas observé d’effet significatif du levier, se souvient Robin Comte. Le peu de fois où on a réussi à réduire un peu les populations de pucerons, d’autres populations, notamment de cicadelles ou de rongeurs, se sont développées. » Sans fermer de porte pour les années à venir, Arvalis n’a pas renouvelé l’expérience depuis. « Nous avions testé différents types de couverts mais on manque un peu de données pour mieux les cibler. La littérature n’est pas très abondante sur le sujet. Cela pourrait dépendre des espèces de pucerons. »
Modification du microbiote
Autre piste : la régulation des pucerons et cicadelles par des auxiliaires naturels, dont la présence serait favorisée par des plantes de service à proximité des parcelles. Les effets des bandes fleuries ont récemment été évalués par l’institut technique. Il n’a observé aucune différence en termes de dégâts de JNO dans la céréale adjacente par rapport à une zone témoin située à proximité d’une bande enherbée. Il est à noter que la pression a été faible pendant l’étude.
À plus long terme, l’avancée des connaissances scientifiques sur le triptyque puceron-virus-plante pourrait ouvrir de nouvelles voies de lutte. Véronique Brault, virologue à l’Inrae, explique en effet que les mécanismes impliqués dans l’infestation des plantes sont de mieux en mieux connus et compris. « On pourrait envisager de modifier le microbiote du puceron, qui aurait un rôle dans la transmission des virus », évoque la spécialiste parmi les pistes envisagées.
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