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Quel est ce coronavirus qui a tué 12 000 pintades dans un élevage ?

Le coronavirus, responsable de la maladie foudroyante de la pintade, a décimé 12 000 pintades du Gaec « De la terre à l’assiette » (Tarn-et-Garonne) en quelques jours (photo d'illustration).

Il n’a pas fallu plus de 10 jours à la maladie foudroyante de la pintade pour décimer ces volailles du Gaec « De la terre à l’assiette », dans le Tarn-et-Garonne. Causée par un coronavirus, cette maladie est rare et donc non référencée. Les éleveurs craignent de ne pouvoir prétendre à aucune indemnisation.

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12 000 pintades décimées en dix jours. Benoît et Sylvain Cransac, éleveurs à Tréjouls, dans le Tarn-et-Garonne, n’ont rien pu faire pour arrêter l’hécatombe : toutes leurs pintades ont été tuées par la maladie foudroyante de la pintade. « Il s’agit d’une maladie connue depuis plusieurs dizaines d’années, causée par le coronavirus de la pintade », décrit Jean-Luc Guérin, professeur en pathologie aviaire à l’École nationale vétérinaire de Toulouse.

Une maladie du tube digestif

Cette pathologie « se traduit par une entérite, complète-t-il. C’est donc une maladie du tube digestif, virale et extrêmement sévère. Elle est, en plus, extrêmement contagieuse et sa mortalité est particulièrement élevée. » Les pintades ont la diarrhée et meurent en quelques jours des conséquences de la déshydratation et du choc inflammatoire.

« Il s’agit d’une maladie ponctuelle, rassure le spécialiste, que l’on peut détecter via des tests PCR. Il y a eu des épisodes avec plusieurs cas dans les années 2010, et puis plus rien, peut-être du fait des mesures de biosécurité mises en place pour lutter contre l’influenza aviaire. »

Jean-Luc Guérin ajoute que « la seule explication possible » de l’introduction de ce coronavirus est l’avifaune sauvage, sans que l’on puisse identifier l’espèce responsable. Point important, selon lui : « Ce coronavirus ne provoque pas la maladie chez les autres espèces avicoles », ni chez l’homme.

« C’est traumatisant »

Sylvain Cransac confirme d’ailleurs que les poulets et poules pondeuses, également présents sur l’élevage, « se portent très bien. » Il s’inquiète surtout pour les indemnisations, ce d’autant plus que la maladie foudroyante de la pintade n’est pas référencée.

Aucune indemnisation de l’État n’est donc prévue et les assurances n’interviennent pas non plus. Quant au FMSE (1), « on n’y a, a priori, pas droit, du fait du non-référencement, mais on espère un soutien », témoigne Sylvain Cransac. Seule sa coopérative, Qualisol, pourrait l’aider.

Reconnaissant à l’égard de la chambre d’agriculture et de l’association départementale des éleveurs de volailles, « qui cherchent activement des solutions », l’éleveur avoue se sentir « un peu seul ». « Les pintades, chez nous, c’est 200 000 euros de chiffre d’affaires annuel. Sans indemnisation, je ne sais pas comment je rembourserai mes crédits. Et, comme il faut un vide sanitaire dans les bâtiments, on produira beaucoup moins cette année. » C’est donc l’équilibre économique du Gaec qui est en jeu.

« Seul », Sylvain Cransac l’a également été pour évacuer les animaux morts : « Comme cette maladie n’est pas référencée, il n’y a pas de protocole sanitaire. C’est très traumatisant de sortir 500 à 2 000 pintades mortes chaque jour. Je ne souhaite ça à aucun éleveur. » Autant d’arguments pour lesquels les Cransac se battent pour le référencement de cette maladie, même s’ils savent qu’ils n’en retireront pas les bénéfices eux-mêmes.

(1) Fonds national agricole de mutualisation du risque sanitaire et environnemental.

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