Tuberculose bovine : un protocole alternatif à l’abattage total en test
Dans les Pyrénées-Atlantiques, le Gaec Oihantxoko suit un protocole expérimental pour tenter de sauvegarder une partie de son troupeau bovin menacé d’abattage à cause de la tuberculose bovine.
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Le 18 janvier 2024, dans le cadre du dépistage prophylactique annuel de la tuberculose bovine (1), Philippe et Sophie Sicre apprennent qu’une de leur vache, positive au test, révèle des lésions évolutives lors de l’analyse post-mortem. Dans les Pyrénées-Atlantiques, la maladie est toujours présente (13 cas en 2023) mais c’est la première fois qu’elle se déclare sur cette commune d’Espès-Undurein.
Le protocole requiert l’abattage total du cheptel sous trois mois. Rapidement, ces éleveurs allaitants de bovins de race gasconne des Pyrénées demandent à négocier : « Pour un cas détecté sur 12 bovins analysés post-mortem, laisser abattre 126 animaux sans jamais savoir s’ils étaient vraiment infectés paraissait inacceptable », justifie Sophie Sicre.
Préserver les guides pour la transhumance
Les éleveurs refusent l’abattage et réclament une autre stratégie sanitaire qui pourrait « faire jurisprudence pour d’autres élevages », expliquent-ils. Avec le soutien de leur syndicat ELB (Confédération paysanne du Pays basque), ils ont manifesté en mars, rencontré le préfet, les représentants de la DDPP et de la DGAL et expliqué leur situation.
« La spécificité de notre exploitation, c’est la transhumance, explique le couple de quarantenaires.. De juin et septembre, nous montons les vaches dans une estive en vallée d’Aspe. Impossible de faire autrement qu’à pied. Nos animaux l’apprennent petits, conduits par leurs aînés. Abattre, c’est perdre nos guides. Sans eux, nous n’arriverons pas à remonter de sitôt, voire peut-être jamais. »
Un protocole alternatif
Le 17 juillet, après de nombreux échanges, les services de l’État ont finalement proposé un protocole alternatif : « Il va y avoir une épuration du cheptel, résume Philippe Sicre. Tous les veaux sont déjà partis en boucherie. La DDPP a établi une liste des animaux à risques selon leurs critères : les mâles, 2 taureaux et 4 bœufs, les vaches de plus de dix ans, celles qui ont réagi à la tuberculine aviaire (2), des voisines de cornadis… Soit 18 animaux qui partent pour être analysés post-mortem. S’ils sont négatifs, le protocole pourra commencer. Pour réduire le risque, il faut encore abattre 17 autres bovins. Parmi eux, des vaches vont vêler et il faudra euthanasier les nouveau-nés. »
Dépistage toutes les huit semaines
L’idée reste de préserver un noyau d’environ 48 vaches, dont des femelles âgées de moins de dix ans capables de guider en transhumance. Sur les huit mois à venir, ce noyau va être soumis au dépistage (tuberculine + interferon) toutes les huit semaines. Les animaux qui réagissent seront abattus et feront l’objet d’analyses. Toute confirmation de bovins infectés (2 supplémentaires ou 1 avec lésions de tuberculose évolutive), conduira à l’abattage total du troupeau. « Le protocole reste très violent, mais avec un espoir de rebondir, estime le couple. On vit au jour le jour. »
Pendant l’assainissement, des filets électrifiés vont entourer la stabulation pour éviter le contact avec la faune sauvage et seuls deux îlots de pâture ont été conservés. « Le protocole vise à apporter un très haut niveau de sécurité sanitaire pour l’élevage concerné, mais également pour l’ensemble des filières d’élevage des Pyrénées-Atlantiques, communique la préfecture. Cette expérimentation alimentera les réflexions en cours au niveau national sur des évolutions des protocoles de gestion de la tuberculose. »
(1) Animaux de plus de 24 mois.
(2) Lors de l’IDC (Intradermotuberculination comparative), les animaux sont testés à la tuberculine bovine et la tuberculine aviaire.
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