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Santé Anticiper les troubles respiratoires chez les jeunes bovins

La combinaison de capteurs testés dans cet essai permet d'identifier la présence de troubles respiratoires un jour avant la détection visuelle des signes cliniques par l'éleveur ou le vétérinaire.

L'utilisation de capteurs embarqués sur les animaux permettrait d'améliorer la détection précoce des maladies respiratoires en ateliers d'engraissement.

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Les troubles respiratoires - ou bronchopneumonies infectieuses (BPI) - pèsent pour 75 à 80 % des problèmes de santé affectant les jeunes bovins (JB) en engraissement. D'après l'Institut de l'élevage (Idelep), les maladies multifactorielles à diffusion rapide représentent un manque à gagner pour les éleveurs allant jusqu'à 4 000 € pour un atelier de 150 places.

Pour limiter la propagation du processus infectieux, "la précocité de la prise en charge est un facteur clé de la réussite du traitement", renseigne Clément Allain, chef de projet en élevage de précision à l'Idele. Or, le développement de capteurs apparaît comme une voie prometteuse pour mieux anticiper le diagnostic des maladies qui sévissent dans les élevages. 

Trois types de capteurs

Afin de vérifier cette hypothèse, l'Idele a monté un projet (1) intitulé BeefSense. Il vise à construire un algorithme de détection précoce et automatique des troubles respiratoires à l'aide de données issues d'une combinaison de capteurs embarqués sur les animaux. Au cours des deux automnes 2019 et 2020, 104 JB de race charolaise, de poids et d'âges homogènes, ont été suivis lors du premier mois d'engraissement à la ferme expérimentale des Établières, en Vendée. Tous les bovins ont été équipés de podomètres et colliers activimètres ainsi que de bolus intraruminal mesurant la température interne. 

Pendant la phase d'essai, les capteurs ont enregistré les températures du rumen, le nombre de buvées, le nombre de pas, le temps passé couché, le nombre d'épisodes couché par tranche de 5 minutes et le temps passé à s'alimenter et à ruminer par tranche de 15 minutes, décrit l'Idele. En parallèle, des observations cliniques quotidiennes ont été réalisées par un vétérinaire. Sur la base de critères décrivant l'état général et la santé respiratoire des jeunes bovins, le praticien a établi un score clinique global.

L'ensemble des données récoltées a permis de construire deux modèles mathématiques, ayant la capacité de distinguer un animal sain d'un animal malade. Le modèle de prédiction le plus fiable a fait ressortir la présence de BPI au sein d'un lot en engraissement 24 heures avant l'apparition des signes cliniques habituellement repérés par l'éleveur ou le vétérinaire. Des résultats encourageants qui "renforcent l'intérêt de ce type de système pour prendre en charge plus rapidement les troubles respiratoires", appuie l'Idele. Mais d'un point de vue économique, "l'équipement d'un troupeau entier paraît difficilement envisageable car très coûteux, soulève Clément Allain. Il reste donc à voir si l'embarquement de capteurs sur quelques animaux sentinelles est possible". 

(1) En partenariat avec la ferme expérimentale des Établières, les écoles nationales vétérinaires de Toulouse (ENVT) et de Nantes (Oniris).

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