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Maïs ensilage : un cru 2023 riche en grains, mais avec des fibres peu digestibles

La valorisation réelle du maïs ensilage 2023 pourrait être inférieure à l’attendu sur l’automne, prévient Hugues Chauveau, zootechnicien chez Arvalis. Dans les 60 à 90 jours après la récolte la digestibilité de l'amidon est partielle.

Après une récolte catastrophique en 2022, le potentiel du maïs fourrage récolté cette année s’annonce plus prometteur.

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Le verdict tombe pour le maïs ensilage de 2023. Sans surprise, « il sera plus lactogène que celui de l’an passé », assure Hugues Chauveau, zootechnicien chez Arvalis, lors d’un bilan de campagne réalisé à Paris, le 23 novembre 2023.

Fait marquant cette année : le taux de matière sèche (MS) à la récolte atteint des sommets, pour s’établir à 36 % en moyenne, bien au-delà des 32 à 33 % préconisés. « Aucune région ne fait exception, souligne Hugues Chauveau. 55 % des chantiers ont été réalisés à plus de 35 % de MS et un tiers à plus de 38 %. »

Après un début de cycle marqué par une météo souvent fraîche et humide, les fortes températures enregistrées en fin d’été ont accéléré la maturité des plantes. « En fin de campagne, beaucoup de maïs étaient encore bien verts mais avec des épis chargés de grains très avancés », observe Anne-Sophie Colart, spécialiste du maïs fourrage chez Arvalis.

Taux d’amidon élevé

Bonne nouvelle pour le cru 2023, la quantité est au rendez-vous. Le rendement national moyen est estimé à 12,6 t de MS/ha, en hausse de 18 % par rapport à la moyenne quinquennale. Du côté de la qualité, le bon remplissage des épis permet d’atteindre une teneur moyenne en amidon de 34 %, « du jamais vu ces dernières années, appuie Hugues Chauveau. Plus la récolte est tardive, plus l’amidon s’accumule en fin de cycle », explique-t-il.

En revanche, la digestibilité des fibres (présentes dans les tiges et les feuilles) est décevante. Elle s’affiche à 49,8 % en moyenne, soit 2 points de moins qu’en 2022. « Cette faible digestibilité des parois n’est pas clairement expliquée, poursuit le zootechnicien. L’absence de stress hydrique et thermique majeur sur la seconde partie du cycle pourrait être favorable à la lignification des tissus, donc à une moindre digestibilité. De même, le stade de récolte globalement tardif a un impact négatif sur la digestibilité des fibres et la teneur en sucres solubles. » La quantité de fibres indigestibles reste toutefois contenue et bien inférieure à l’an passé, « laissant présager une valeur énergétique supérieure ».

Risque d’échauffement

Sur le papier, cela traduit par une teneur en énergie très satisfaisante, à hauteur de 0,95 UFL/kg de MS en moyenne. Pour autant, « la valorisation réelle pourrait être inférieure à l’attendu, notamment sur l’automne, prévient Hugues Chauveau. Dans le cas de récoltes tardives avec des grains bien avancés, la digestibilité de l’amidon sur les 60 à 90 jours après la récolte sera partielle. » Le plein potentiel du fourrage devrait donc s’exprimer dans l’hiver.

Cette année, avec des maïs aussi secs, la conservation pourrait s’avérer laborieuse en raison d’une forte porosité des silos. À l’ouverture de ces derniers, la pénétration en profondeur d’oxygène dans le fourrage risque de réveiller l’activité des levures et moisissures, et in fine, engendrer un échauffement au front d’attaque puis à l’auge. « La vitesse d’avancement dans le silo constitue le meilleur remède, avise le zootechnicien. L’ajout ponctuel d’acide propionique au front d’attaque ou d’additif anti-échauffement dans la ration peut également s’avérer utile dans les situations les plus critiques. »

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