Le jour où... « J’ai fait ma dernière traite avant l’usage durobot »
Didier, éleveur en Bretagne, 47 ans
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«c’était le 31 août 2011, le jour où j’ai trait pour la dernière fois. Je m’en souviens parfaitement. Pour cette dernière fois, ma femme est venue me rejoindre dans la salle de traite avec trois de nos quatre filles, l’aînée étant absente. La cadette, Alice, onze ans, comme à son habitude, s’est mise à brancher les vaches. L’été, elle venait souvent traire avec moi. Ce jour-là, elle en avait gros sur le cœur. Elle avait beaucoup pleuré la semaine qui précédait la mise en route du robot.
Peur de perdre
un moment de complicité
Elle avait peur de perdre ce contact privilégié avec les animaux, de ne plus aller soigner Clover et Chupa, ses vaches préférées, de ne plus donner le biberon aux veaux. Elle craignait surtout que ne cessent ces moments privilégiés entre elle et moi. Ma femme et moi avons pris le temps de lui expliquer que l’arrivée du robot était, pour nous, une chose très positive. L’astreinte de la traite deux fois par jour et 365 jours par an, malgré quelques semaines de vacances, était très contraignante. Je me réjouissais de l’automatisation, qui allait me permettre de gagner en souplesse de travail, de pouvoir prendre le petit-déjeuner tous les matins en famille et de m’autoriser quelques grasses matinées. J’éprouvais une certaine satisfaction à moderniser l’outil de travail en bénéficiant des nouvelles technologies, comme mon grand-père lorsqu’il était passé du cheval au tracteur. Alice, elle, se remémorait avec une certaine nostalgie tous les moments passés à patauger les mains dans les seaux de lavettes, à réciter ses tables de multiplication et ses poésies entre deux vaches à brancher.
Ce jour-là, ma femme a immortalisé le moment avec quelques clichés.
J’ai pris la benjamine dans mes bras. Alice a souri pour la photo. Il y avait des tuyaux un peu partout, car une partie de la salle d’attente était condamnée pour accueillir le robot.
Nous voulions garder un souvenir pour le montrer plus tard aux deux plus petites qui, à l’époque, avaient deux et quatre ans.
Moment heureux pour nous, parents, moment douloureux pour Alice... Lorsque l’on évoque ce souvenir ou que les plus jeunes ressortent l’album de famille, personne n’est indifférent. Cet instant a représenté une étape professionnelle et également une étape pour la famille. Aujourd’hui, Alice apprécie que je puisse me rendre plus facilement disponible pour l’emmener chez une amie ou pour l’aider dans un devoir de mathématiques. »
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