C’est son avis « Le commerce équitable, ce n’est pas de la charité »
Julie Stoll est déléguée générale de la Plate-forme pour le commerce équitable (1). Elle estime que les contrats commerciaux équitables qui garantissent, sur la durée, un prix rémunérateur et un projet collectif, vont se multiplier en France.
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4 500 agriculteurs français
Un nouveau pan du commerce équitable s’ouvre en France. La loi sur l’économie sociale et solidaire du 31 juillet 2014 étend la définition du commerce équitable aux échanges avec les producteurs du nord.
Les entreprises de transformation et de distribution peuvent désormais signer des contrats commerciaux équitables avec des groupements d’agriculteurs français, et utiliser la mention « commerce équitable » sur des produits français. À condition, bien entendu, de répondre aux principes fondamentaux de la charte nationale du commerce équitable local. Le prix rémunérateur doit couvrir les coûts de production, assurer un revenu suffisant aux producteurs pour vivre décemment de leur travail.
L’engagement doit être pluriannuel sur au moins trois ans, et un montant supplémentaire doit financer un projet collectif. Des relations économiques qualifiées d’équitables existent déjà en bio comme en agriculture conventionnelle. Ces partenariats durables entre agriculteurs, entreprises transformatrices et distributeurs sont complémentaires des filières classiques et de la vente directe. Plus de 4 500 agriculteurs français en bénéficient. Sur la filière blé, le succès d’Agri-Ethique (NDLR : blé, farine, pain) est national.
Pour les céréales, les fruits et légumes, les produits laitiers et les viandes, la démarche Ensemble de Biocoop est le partenariat le plus ancien avec, aujourd’hui, 2 300 fermes et 28 transformateurs : ils produisent une gamme de 600 produits bio distribués dans 425 boutiques. Ethicable avec « Paysans d’ici » a voulu en 2011 soutenir la petite agriculture française menacée. La gamme comprend 24 produits issus de dix projets agricoles dans le Gers, le Lot-et-Garonne, l’Aveyron, etc.
Exigence des consommateurs
La grande distribution n’est pas hostile au commerce équitable, des distributeurs sont prêts. Quand les consommateurs indiquent clairement qu’ils veulent une consommation responsable, ils entrent dans le rapport de force et montrent la voie vers une évolution plus globale. Il est possible de vivre avec une répartition juste. La marque du consommateur « C’est qui le patron ? » commercialise du lait équitable dans les grandes surfaces Carrefour. En France, comme au Pérou, le commerce équitable ce n’est pas de la charité !
Une partie de la solution
Il y a dans le prix des produits un « new deal », un nouveau contrat où tout le monde s’y retrouve. Le commerce équitable est une partie de la solution, ça vaut le coup de l’essaimer et il présente de nombreux avantages pour le monde agricole : mieux réguler les prix, permettre de se projeter dans l’avenir, d’investir ou de trouver des investisseurs, de maintenir ou créer des emplois pérennes et mieux transmettre son exploitation. Nous sommes au début d’une aventure. Il est urgentissime de créer des labels forts, visibles et désirables par les consommateurs.
Et, bien entendu, que les GMS soient proactives et bienveillantes pour diffuser les initiatives équitables.
(1)La PFCE, interprofession du commerce équitable regroupant 1 000 structures en France, a organisé en décembre dernier, à Paris, les premières Assises nationales pour le commerce équitable en France. www.commercequitable.org
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