Foncier Un investissement citoyen et local
En Chartreuse (Isère), un GFA mutuel associant des agriculteurs et non-agriculteurs freine l’érosion du foncier agricole et la spéculation.
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Pour nourrir ses 15 vaches tarines, dont le lait est transformé à la ferme, le Gaec de la Faurie exploite 60 ha de prairies naturelles au Sappey-en-Chartreuse (Isère). Une surface groupée autour du village, mais morcelée en 44 propriétaires, dont certains en indivision. « Seuls quatre d’entre eux, totalisant 15 ha, ont consenti à un bail, précise Joseph Hurand, associé avec Marjolaine dans le Gaec. L’un de ces bailleurs est le GFA mutuel de Chartreuse. Il nous loue une parcelle 80 €/ha alors qu’on paye plutôt 50 €/ha pour les autres… Mais parfois, on préfère payer un peu plus et avoir un bail. »
C’est pour freiner ce phénomène de baux précaires qu’Alain Pajon, agriculteur retraité, a eu l’idée du GFA mutuel. L’outil, créé en 2015 et dont il est gérant, « permet d’agir localement sur le foncier pour préserver l’activité agricole. On achète des parcelles pour les louer à des exploitants via des baux à long terme. Cela leur apporte de la sécurité tout en les déchargeant du coût du foncier. »
En travaillant étroitement avec la Safer et les collectivités locales, le GFA intervient dans les transactions. Ce fut le cas pour la parcelle louée au Gaec de la Faurie. « Cette parcelle stratégique, collée aux maisons, a fait l’objet de plusieurs tentatives de vente : d’abord à 8 €/m², ensuite à 4 €/m², puis avec un redécoupage parcellaire, relate Alain Pajon. À chaque fois, le GFA s’est porté acquéreur, permettant à la Safer de préempter. Les frais de préemption étaient portés par la communauté d’agglomération. Finalement, le GFA a pu l’acheter à 0,6 €/m². »
Préemption
La dimension locale du GFA et son ticket d’entrée abordable (40 €/part sociale) facilitent l’adhésion d’investisseurs citoyens concernés par l’évolution de leur cadre de vie. D’autant que l’achat en circuits courts est une seconde nature pour les quelque 1 000 habitants du Sappey.
« On vend la moitié de notre production dans le village et les gens nous remercient d’être là », illustre Joseph. Selon lui, le GFA n’a que des atouts. « Posséder du foncier ne nous intéresse pas. Nous avons mieux à faire de notre argent, comme investir dans la fromagerie par exemple. Quant à la propriété collective du foncier, elle évite d’être à la merci d’un seul propriétaire. »
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