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Haute-Savoie La brucellose comme une épée de Damoclès

Deux mois après la confirmation d’un cas de brucellose, 235 vaches ont été abattues, mais les éleveurs restent sans réponse sur la gestion de la maladie.

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Malgré le recours au tribunal de Grenoble, les 88 000 signatures de la pétition et la mobilisation de 200 personnes le 4 janvier, le troupeau du Gaec du Pré-Jourdan, à Saint-Laurent, a été abattu. Deux mois après la confirmation d’un cas de brucellose, et bien qu’aucune autre bête ne se soit révélée positive, l’abattage total était exigé pour que la France garde son statut indemne de brucellose.

Si l’argument sanitaire et commercial est entendu, la colère est grande chez les éleveurs. Venue manifester le 4 janvier, Noémie Lachenal, élue à la Confédération paysanne, déplore le gâchis : « La présence de la harde de bouquetins infectés dans le Bargy continue à faire peser un risque sur les 12 000 ruminants qui pâturent dans ce massif. On n’exige pas de massacrer les bouquetins, mais de réduire leur population pour diminuer la prévalence de la maladie, et de les tester. »

Sans appeler à manifester par crainte d’une « récupération politique », Bernard Mogenet, président de la FDSEA des Savoie, ne décolère pas non plus. Son syndicat a proposé un protocole au gouvernement, qui n’avait pas répondu le 10 janvier dernier. « Notre position, ralliée par Jeunes Agriculteurs (JA) et la chambre d’agriculture, propose la constitution d’un noyau sain limité à 50 bouquetins pour que leur statut sanitaire reste contrôlable. »

Des bouquetins malades

Des actions en justice de quelques ONG ont entravé la politique entamée en 2012 sous le pilotage de l’Anses, visant à constituer ce « noyau sain ». D’après l’Anses, les derniers tirs de bouquetins ont eu lieu en 2019 et la prévalence de la brucellose a cessé de diminuer à partir de cette date. « L’État a plié devant les ONG et l’épée de Damoclès reste suspendue au-dessus des éleveurs, retient Gilles Chatelain, président de la Coordination rurale des Savoie. Puisqu’on veut l’éradication totale de la maladie, on ne peut pas contester les mesures prophylaxiques. Toutefois, on conteste le non-abattage des bouquetins malades. »

Pour savoir si les 235 vaches auraient pu être sauvées, il faut attendre les résultats des prélèvements. « Si beaucoup d’animaux s’avèrent positifs, on aura du mal à contester la stratégie d’abattage massif, admet Bernard Mogenet. Sinon, on rouvrira le dossier. » B. Lafeuille

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