Loire L’accès à l’eau, une question cruciale
Les sécheresses fragilisent les fermes sans irrigation. La Confédération paysanne souhaite revoir le partage de la ressource.
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«Sans eau, une exploitation comme la nôtre devra revoir tout son système avant trente ans », lâche Guillaume Padet, éleveur laitier bio à Civens. Il en est sûr : « Dans la Loire, la pérennisation des fermes passera par l’eau. » Avec Frédéric, son frère et associé, il élève 51 vaches et leur suite en système herbager et engraisse quelques veaux de boucherie. Les surfaces en herbe sont complétées d’un peu de luzerne, maïs et méteil, sur des sols sableux. « Avec 95 ha, même en bio, on arrive à être autonomes, affirme l’éleveur. Mais seulement si on a de l’eau. Or les sécheresses s’enchaînent. Cette année, il a plu mais, l’an passé, on a acheté 25 000 € de fourrages. »
Les deux frères aimeraient irriguer. Une première piste a échoué, mais ils réfléchissent à un autre projet. Ils y voient une sécurité pour eux et une garantie pour la transmissibilité de la ferme. « L’eau est cruciale, donc elle doit être partagée et utilisée avec cohérence, dans l’intérêt de tous », insistent Guillaume et Frédéric, adhérents de la Confédération paysanne.
Partager et prioriser
Depuis un an, la Conf’ de la Loire planche sur le sujet. « L’accès à l’eau est une bénédiction mais on doit poser des questions qui fâchent, comme celles de sa répartition entre paysans et de son usage », explique Nicolas Clair, élu au bureau. Lui est polyculteur-éleveur irrigant et souhaite que l’eau soit mieux partagée, en instaurant notamment une clause de revoyure des droits d’eau sur un fragment du volume total, afin d’en accorder à de nouveaux paysans. « La Conf’ a plusieurs propositions, reprend-il. Comme de traiter à part les parcelles irriguées, irrigables et avec des droits d’eau. Les Safer pourraient mettre en réserve une fraction des terres irriguées qui sont à plus haut potentiel afin de les réserver à certains projets, par exemple pour des collectivités souhaitant installer des maraîchers. »
La Conf’ 42 aimerait aussi prioriser les usages de l’eau en fonction de la valeur ajoutée dégagée : celle-ci pourrait se mesurer en EBE, en calories produites, en emplois créés… Et elle propose qu’un irrigant, en contrepartie du bénéfice tiré de l’eau, soit tenu d’entretenir quelques éléments favorables à la biodiversité (haies, arbres, mares…).Bérengère Lafeuille
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