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Rhône-Alpes Le saint-félicien veut son IGP

Grâce à ce fromage, éleveurs et transformateurs souhaitent garder une dynamique dans des territoires en déprise.

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Les caractéristiques du saint-félicien ont été décrites en août 2020 par un cabinet de conseil spécialisé (Agro Sens Conseil), en vue d’une demande de reconnaissance IGP. L’objectif est de déposer le dossier à l’Inao en 2022.

La réflexion est partie il y a cinq ans de l’Union des producteurs laitiers du saint-marcellin (UPLSM), qui ont obtenu l’IGP pour ce fromage en 2013. « Cette filière permet une plus-value de 20 à 40 €/1 000 l selon les laiteries, mais son marché stagne, explique Thomas Huver, chargé de mission à la chambre d’agriculture de l’Isère. Seule la moitié du lait collecté sous cette IGP est valorisée en saint-marcellin. Le saint-félicien, autre fromage emblématique de la région, bénéficie au contraire d’un marché en croissance. »

Or, ce produit bien valorisé n’est pas protégé. « Il faut l’an­crer à notre territoire, explique Jean-Michel Bouchard, président de l’UPLSM. Ici, avec le relief et le climat, il est difficile de faire du lait. En même temps, les fromageries indépendantes se font racheter par de grands groupes. Notre crainte était qu’après avoir racheté le savoir-faire, ils délocalisent la production de saint-félicien là où il est moins coûteux à produire. » Lui-même, à la tête d’un élevage bio de cent vaches holsteins et jersiaises, est le dernier producteur laitier de Thodure, en Isère. Un département où le nombre d’exploitations laitières a été divisé par quatre en vingt ans.

Ancrer au territoire

Le travail d’un historien a permis d’identifier l’aire de production du saint-félicien, dont l’origine est attribuée à un crémier lyonnais du XXe siècle. L’IGP toucherait 699 communes sur six départements : Ardèche, Drôme, Isère, Rhône et, à la marge, Ain et Savoie. Elle englobe l’aire de production du saint-marcellin. L’ODG (1) du saint-marcellin va donc évoluer en ODG multiproduit afin de gérer les deux IGP. Pour simplifier la vie des 120 producteurs et 8 transformateurs concernés par la double IGP, le cahier des charges du saint-félicien, en cours de rédaction, se cale sur celui du saint-marcellin. L’occasion de modifier ce dernier, par exemple sur le pâturage.

« On aimerait faire passer le minimum imposé de 20 ares à 15 ares par vache, illustre Jean-Michel Bouchard. Le changement climatique impose de sécuriser les fourrages avec des stocks. Et l’agrandissement des troupeaux combiné aux problèmes d’urbanisme complique les déplacements des vaches. » Même si la route reste longue avant d’obtenir l’IGP, il est confiant. Bérengère Lafeuille

(1) Organisme de défense et de gestion.

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