Poitou-Charentes La pandémie bouscule le chevreau
La filière d’engraissement des chevreaux s’est concentrée ces dernières années. Ce qui l’a rendu subitement plus fragile face à la Covid.
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Traditionnellement, Pâques est le moment clé pour la commercialisation du chevreau et représente 35 à 40 % de la consommation nationale. Cuisiné à l’ail vert, il est la pièce maîtresse des repas de famille en Poitou-Charentes. Mais les Pâques de 2020 et 2021 ont été malmenées par la pandémie de Covid. L’an dernier comme cette année, cette fête est tombée en avril, en plein confinement.
Faute de réunions familiales, la consommation nationale a stagné. Et les flux à l’exportation, qui absorbe 60 à 70 % de la production et se fait notamment vers l’Italie et le Portugal, ont été freinés voire bloqués par les difficultés du transport. L’an dernier, il a fallu congeler la viande qui ne trouvait pas preneur, ce qui a encore contribué à déséquilibrer la filière. Le prix payé aux engraisseurs en a aussi subi les conséquences. Alors qu’il tourne habituellement autour de 3,40 €/kg pour un coût de revient de 3,10 €/kg en moyenne, le chevreau s’est vendu cette année à 2,80 €/kg avant Pâques, à 2,70 €/kg aujourd’hui.
Moins de 1 € par animal
Les éleveurs caprins, concentrés sur la production de lait, se sont, pour beaucoup, débarrassés de l’engraissement en vendant les chevreaux aux engraisseurs (une cinquantaine en France), qui, en conséquence, se sont spécialisés. Cette activité est très présente en Poitou-Charentes, où près de la moitié des 550 000 chevreaux que compte le pays sont engraissés.
Une des grandes questions désormais est celle du ramassage. L’activité des engraisseurs n’ayant plus de débouchés, le prix payé aux naisseurs pour leurs chevreaux est de moins de 1 € par animal. Les deux activités, pourtant complémentaires et indispensables l’une à l’autre, ne s’entendent plus. Et si l’engraissement n’est plus rentable, il faudra trouver d’autres solutions pour sortir les jeunes chevreaux : soit faire payer les producteurs de lait, comme c’est déjà le cas aux Pays-Bas, soit trouver ailleurs des financements.
Les engraisseurs, qui s’organisent désormais en OP et en fédération, envisagent même de demander à bénéficier à l’avenir de primes Pac si le marché ne suffit plus à maintenir les revenus. Myriam Guillemaud
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