Login

Rhône Une zone d’activités controversée

Vertueux sur le papier, un projet de parc d’activités tourné vers l’agroalimentaire peine à convaincre de son intérêt.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Un projet consommateur de foncier peut-il être, en même temps, favorable à l’agriculture ? La communauté de communes du Pays mornantais (Copamo), près de Lyon, l’affirme avec son projet d’extension du parc d’activités des Platières, déjà vaste de 60 ha. Malgré une nouvelle emprise de 25 ha, dont 16 exploités, il s’affiche vertueux.

« On a un territoire riche d’une agriculture diversifiée, qu’on veut développer », assure Renaud Pfeiffer, président de la Copamo. Conscient de la « pénurie foncière », il veut convaincre que « le parc d’activités sera au service de l’agriculture locale » car tourné vers des activités agroalimentaires. « On n’est pas dupes : il n’y aura pas que de l’agroalimentaire », lâche Gérard Bazin, président (FDSEA) de la chambre d’agriculture. Celle-ci a cependant rendu un avis positif, en imposant des conditions pour rendre le projet plus acceptable.

À ce jour, seuls 2,5 ha ont été attribués à la société Ducreux. « Deux autres entreprises sont intéressées », assure Mathieu Boury, de Valoripolis, qui intervient comme aménageur. Il concède que ces deux sociétés n’ont rien à voir avec l’agriculture. « En revanche, Ducreux est un acteur agroalimentaire qui va resserrer ses liens avec les fournisseurs locaux, comme la coopérative fruitière Sicolay », insiste-t-il. Antoine Pariset, porte-parole local de la Confédération paysanne, ironise : « Ducreux fait des desserts à base d’œufs liquides : quel paysan va leur en livrer ? »

Combler le préjudice subi

La Copamo veut réserver un îlot à de la transformation en circuits courts. « On parle d’une légumerie bio pour livrer les cantines : très bien, mais la production locale est limitée, note la présidente de la Coordination rurale du Rhône, Françoise Boyer. Elle devra chercher des volumes ailleurs, alors pourquoi s’implanter ici sur de bonnes terres ? »

L’agriculture bénéficiera au moins de la compensation collective. Une enveloppe de 127 575 € a ainsi été constituée. Il est question de financer de l’irrigation, la remise en valeur de friches et un outil collectif de transformation. Problème : « On nous propose le financement de l’outil, mais pas les moyens humains de le gérer », critique Antoine Pariset. « Encore une fois, tout repose sur les agriculteurs, qui n’ont rien de­mandé », abonde Françoise Boyer. L’irrigation fait da­vantage consensus. Même si certains objectent qu’« on n’avait pas besoin de priver les paysans de 16 ha pour leur apporter de l’eau. » B. Lafeuille

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement