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Sud-Ouest Les producteurs de noisettes sont en colère

Alors que le marché mondial est demandeur, certains agriculteurs perdent de l’argent. Témoignages.

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Que se passe-t-il dans la filière des noisettes du Sud-Ouest ? Plusieurs producteurs sont très remontés contre la coopérative Unicoque, installé à Cancon (Lot-et-Garonne), car le prix auquel les fruits leur sont achetés ne couvre plus leur coût de production. « Ce coût se monte à 1,60 € le kilo et nous ne touchons pas plus de 1,59 €, voire moins si des pénalités s’appliquent, se plaint un producteur. Je consacre 70 h/ha par an à mon verger et je ne touche pas de salaire en fin d’année. Nous faisons le maximum, mais nous travaillons à perte, alors que le marché est porteur. Nos bilans sont dans le rouge et nous devons compenser avec d’autres activités. »

 

« La noisette est un atelier de diversification qu’on a considéré comme la “poule aux œufs d’or” entre 2010 et 2017, car les prix du marché étaient très hauts, répond Jean-Luc Reigne, directeur général d’Unicoque. Aujourd’hui, ils sont redes­cendus, alors que les coûts de production augmentent, car cette culture est très exigeante. Les producteurs doivent investir dans la technique, se former et ne pas s’endormir sur leurs lauriers. » Pourtant, même avec une belle collecte pour Unicoque, proche de 10 000 t en 2019, ces producteurs ne s’en sortent pas.

De plus grands vergers

À la demande de la coopérative, qui visait 20 000 tonnes de potentiel planté en 2020, soit 6 500 ha, ils ont agrandi leurs surfaces en noisetiers et acheté du matériel. La taille des vergers sur les exploitations a doublé ces dix dernières années.

 

Or, planter un hectare irrigué coûte 10 000 euros et les machines – ramasseuse, andaineur, sulfateuse, atomiseur, broyeur – sont très chères. « Un verger moyen doit faire 30 ha aujourd’hui pour vivre et amortir les investissements, témoigne un deuxième producteur de noisettes. Cela permet de récolter 70 à 90 tonnes par an. Nous savons que d’autres acheteurs proposent 2,50 €/kg aux producteurs. Par rapport au prix payé par Unicoque, nous perdons 70 000 à 100 000 € et nous ne pouvons plus investir. »

 

Et un troisième de souligner : « D’ailleurs, les banques, voyant que la noisette devient notre production principale, ne veulent plus nous prêter. »

 

Ne serait-ce pas, alors, à la coopérative Unicoque de soutenir ses adhérents pour qu’ils ne coulent pas ? « Unicoque ne peut faire que ce qu’elle doit faire, mettre en marché », estime Jean-Luc Reigne. Certains producteurs envisagent ainsi de quitter la coopérative pour pouvoir vendre au plus offrant.

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