Evolution commerciale Valoriser tous les atouts de la ferme
Il y a trois ans, Marine et Benoît Huntzinger ont repris une exploitation bovine en race limousine. Ils ont introduit l’élevage de moutons belle-île et renforcé la vente directe.
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Marine et Benoît Huntzinger cherchaient une ferme d’élevage, extensive, autonome, qui leur permette de garder la main sur le maximum de décisions. « Et sans trop nous éloigner de nos familles installées au Mans et à Nantes », précise Marine.
Un excellent parcellaire
C’est finalement à Chemillé-en-Anjou (Maine-et-Loire), après quatre ans de démarches, que le couple a trouvé « chaussure à son pied ». Benoît a repris la ferme des Blottières en juin 2018, après un stage de parrainage d’un an. « Marine a d’abord été conjointe-collaboratrice à mi-temps avant de s’installer en avril 2020 », explique l’éleveur.
En Gaec, le couple valorise 75 ha de SAU : des prairies permanentes et de long terme pour l’essentiel (66 ha), ainsi que 9 ha de céréales conduites en pur ou en mélange. « Nous avons la chance d’avoir un excellent parcellaire groupé autour du corps de ferme. Chaque parcelle est équipée en eau. » Conduite en agriculture biologique depuis les années 1990, la ferme concentre également 12 km de haies et 2 km de cours d’eau.
Une race ovine régionale
Depuis son installation, Benoît a réduit de 5 têtes la taille du cheptel limousin pour arriver à 50 mères. Toutes les génisses sont conservées pour le renouvellement. Quant aux mâles, ils sont valorisés à différents âges et sur plusieurs marchés. Cette année, par exemple, sur un total de 22 mâles, 7 ont été vendus en conventionnel à 8 jours ou en broutards. « Nous avons élevé 9 veaux sous la mère pour la vente directe et 6 bœufs de 30 à 40 mois ont été commercialisés par Unebio. Pour ce débouché, nous gardons les têtes de lot. »
Passionné par l’élevage ovin, son premier vœu d’installation, Benoît a décidé d’introduire des moutons de race belle-île début 2019. Une race régionale « rustique, très prolifique - d’où son autre nom, la “race de deux”, qui vient des mises bas souvent gémellaires - et dont la viande est excellente », apprécie-t-il. Avec 70 mères, le troupeau est le deuxième plus important de France.
Gamme de conserves
La ferme des Blottières était engagée de longue date dans la vente directe. Au moment de sa reprise, Marine et Benoît ont pu s’appuyer sur le fichier clients d’environ 700 noms de leur prédécesseur et un réseau de points de vente régionaux et franciliens. Le couple a maintenu l’organisation en place avec une vente de colis par trimestre, qui les mobilise environ trois semaines. En complément, il a développé une gamme de conserves avec deux propositions : une bolognaise riche en viande (25 %) et un effiloché de bœuf à tartiner. « Ensuite, nous avons ajouté des verrines, de la viande séchée et des saucissons. De manière globale, le marché de la viande est en décroissance. En tant que ferme d’élevage, il nous faut donc trouver d’autres sources de valeur ajoutée », justifie Benoît.
Le couple se différencie par la mise en avant de produits issus du bocage ou des prairies. C’est le cas des noix vendues en frais, mais aussi des marrons noirs des Mauges valorisés sous forme de crème, ou de l’ail des ours qui pousse spontanément aux Blottières, incorporé dans un pesto. Toujours avec le souci de valoriser les richesses de l’exploitation, « nous avons vendu cette année 1 500 m² d’orties à un voisin, producteur de plantes médicinales et aromatiques ».
Reprise de 25 hectares
En constante évolution commerciale, la ferme des Blottières poursuit d’autres développements. Début décembre, Marine et Benoît ont repris 25 ha dans le prolongement du parcellaire actuel : « Nous n’achèterons plus, comme nous le faisions jusqu’ici, 20 ha de foin sur pied. Avec les terres, nous reprenons également un bâtiment où nous pourrons loger les génisses l’hiver. »
Ils prévoient aussi de réduire le cheptel limousin d’une dizaine de têtes et d’introduire autant de vaches de race nantaise. Elles devraient arriver début 2022. Comme pour le mouton belle-île, leur objectif est double : préserver une race régionale, mais aussi l’intégrer dans l’économie de l’exploitation : « La nantaise est rustique, elle valorise bien les fourrages grossiers et la viande du veau élevé sous la mère est excellente. »
Anne Mabire
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