Le choc de l’arrivée des loups dans la Nièvre
Les premières attaques de loups provoquent des déflagrations dans les élevages. C’est le cas dans la Nièvre où le prédateur est en phase de colonisation. La Fédération nationale ovine (FNO) organisait le 10 juillet 2025 un voyage de presse pour en décrire l’impact.
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« J’ai vu mon père pleurer lors de la troisième attaque de loup, rapporte avec émotion Bertrand Larue, éleveur dans la Nièvre. Il a 74 ans, et notre famille élève des moutons depuis au moins cinq générations. » Entre mars et juillet, le prédateur est revenu à dix reprises sévir sur sa petite troupe. Et la peur qu’il revienne est constamment présente à l’esprit de toute la famille. Y compris de son fils de 4 ans.
Bertrand Larue témoignait le 10 juillet 2025 devant une dizaine de journalistes, lors d’un voyage organisé par la Fédération nationale ovine (FNO). Au début de juillet, la Nièvre s’installait à la cinquième place des départements les plus prédatés. Au 15 juin, 70 constats indemnisables sont recensés pour 331 victimes. Le record de 2024 est largement dépassé.
Beaucoup de travail en plus
Les attaques des loups ont déjà bouleversé la vie de plusieurs familles du département. « Chaque matin, je me demande dans quel état je vais retrouver mon troupeau », indique Mathieu Moreau, à Saint-Parize-la-Forêt, chez qui la journée était organisée. Avec son épouse Charlène, ils élèvent 160 charolaises et 230 brebis. Ils ont perdu 21 bêtes lors de la première attaque.
Tout ce que le chien de protection implique (07/07/2025)
Les moyens de protection restent difficiles à mettre en place sur la ferme. « J’ai reçu cinq filets pour parquer les brebis pendant la nuit, explique-t-il. Mais les installer est chronophage. J’ai déjà perdu un temps fou depuis les premières attaques. Je n’ai pas la possibilité de consacrer plus de temps. J’ai déjà réduit le nombre de lots, ce qui est contraire à une conduite idéale pour une bonne productivité. » Outre le préjudice moral, les dégâts du prédateur ont déjà englouti de nombreuses heures de travail, en particulier pour déclarer les sinistres. Les pertes et le manque à gagner pour les exploitations sont déjà considérables pour des exploitations dont les revenus étaient déjà précaires.
Des comptes flous
Il est toujours bien difficile de s’y retrouver dans le décompte des administrations. Sur les attaques, les chiffres mettent de temps à être consolidés. « À chaque constat, il y a une instruction qui prend du temps, expliquait le préfet référent en loup joint en visio. Et cela fausse les statistiques. » Si les chiffres sont faussés, la pression ressentie dans de nombreux territoires (zone de présence historique, Bourgogne, Massif central, Bretagne, Est) reste forte. Sans compter le nombre de loups qui reste toujours au centre de nombreux débats, même si le préfet juge la méthode utilisée par l’Office français de la biodiversité « très fiable ».
Ce qui limite les interventions, c’est le nombre des autorisations de tir qui dépendent de la mise en œuvre des moyens de protection. Le changement de statut du loup au niveau européen, d’espèce strictement protégée à espèce protégée devrait entraîner de nouvelles mesures de gestion au 1er janvier 2026, a déclaré le préfet mais il n’a donné aucune précision sur les pistes de travail.
Une gestion nationale privilégiée par la FNO
Pour Claude Font, en charge du dossier sur la prédation à la FNO, « il est important que la prédation soit gérée au niveau national surtout en termes de prélèvement, parce qu’on ne peut pas gérer le loup de manière différenciée sur le territoire. On peut toutefois tenir compte des spécificités et c’est ce que l’on essaie de faire dans les analyses de vulnérabilité. Les mesures de protections doivent être adaptées aux systèmes d’élevage et aux territoires. »
« Dans le plan loup, on nous avait promis des brigades pour nous venir en aide à la mise en place des moyens de protection, poursuit-il. Le ministère de l’agriculture avait promis un budget de 1,5 million d’euros, mais cela n’a pas été suivi d’actes. Concernant les mesures de protection, elles sont prises en charge à 80 % seulement. L’éleveur subit la prédation, assume le travail en plus et paie une partie de la protection, ce n’est simplement pas normal ! »
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