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« Quand le patou déclenche un conflit entre les éleveurs et la mairie »

En Savoie, les patous sont au cœur d’un conflit opposant un couple d’éleveurs et la mairie.

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Les 220 coureurs du trail du Lac noir ont failli ne pas s’élancer ce samedi 14 juin 2025 du village de Montsapey (Savoie), perché à 1 000 m d’altitude. La veille encore, plusieurs syndicats agricoles (FDSEA, JA, syndicats ovin et caprin de Savoie) étaient prêts à bloquer la course. En cause, un conflit larvé depuis trois ans entre la mairie et un couple de jeunes éleveurs pour l’exploitation d’un alpage. À cause des sentiers le traversant, la municipalité refusait la présence de patous.

Attaques de loup

Des attaques de loup sont recensées chaque année sur le secteur. « Même si on aime nos chiens, c’est une contrainte dont on se passerait bien », soupire Sohane Lefloch. Son conjoint et son beau-père exploitaient historiquement des alpages de Montsapey, dans des secteurs peu fréquentés où les chiens ne sont pas un souci. « À mon installation en 2022, nous avons augmenté le troupeau ovin et déposé une demande pour un nouvel alpage qui se libérait, reprend-elle. Il nous a été refusé à cause de nos chiens, car c’est un secteur touristique. »

Après moult réunions, le couple a été autorisé à faire un essai pendant l’été 2022. « À la demande de la mairie, nous avions installé des filets près des chemins, relate Sohane. Nous n’avons eu aucun retour négatif pendant l’été. Pourtant, la mairie n’a pas voulu nous accorder l’alpage. Nous avons même été congédiés d’un alpage historique dont la convention expirait. Cela s’est envenimé, nous sommes allés au tribunal et avons obtenu le droit de pâturer en attendant le jugement. » Le blocage du trail était envisagé en ultime recours. « Nous ne sommes pas contre le tourisme ni le sport, mais la mairie les favorise au détriment de l’élevage, alors que sans pastoralisme le paysage se referme », reprend l’éleveuse.

La municipalité reconnaît le rôle du pastoralisme et le « sérieux problème » posé par le loup. « Mais l’alpage convoité par ces éleveurs est très fréquenté l’été, et nous avons été échaudés par les problèmes qu’il y a eus avec les patous du précédent exploitant », justifie le maire Bernard Fargeas, interrogé par La France Agricole. Au-delà du sujet des chiens, il affirme que les décisions du conseil municipal sont surtout motivées par le climat délétère qui s’est installé, allant jusqu’à une « menace de mort visant les élus », pour laquelle il a déposé plainte.

« On veut nous faire signer sous la contrainte », regrettait-il le 12 juin. Le lendemain soir, la médiation conduite par la sous-préfète aboutissait enfin à un accord. La convention pluriannuelle sera renouvelée pour l’alpage historique et une autre saison d’essai est accordée pour le nouvel alpage. « Nous remettrons des filets près du chemin et éviterons un secteur jusqu’à la fin d'août », précise Sohane. Soulagée, car « cette fois tout sera cadré par écrit ».

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