Loup : « C'est la victime qui paye son bourreau »
Les associations spécialisées de la FNSEA dénoncent un manque de moyens pour le recensement des loups en France. Des changements concrets sont attendus du futur plan national loup.
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Ce lundi 3 juillet 2023 marque l’annonce officielle d’une baisse de la population de loups en France. « Alors qu’en ce début d’année 2023, nous avons observé une augmentation de 16 % des attaques », constate Bernard Mogenet, président de la FDSEA des Savoies. Révoltés, les défenseurs des éleveurs ovins, bovins et caprins ont quitté la réunion du Groupe national Loup du même jour à Lyon. « Nous avons quitté la salle pour faire valoir nos droits, car nous ne sommes pas entendus », explique Bernard Mogenet.
Moins de loups, plus de victimes (28/06/2023)
Cédric Laboret, responsable du dossier loup aux Chambres d'agriculture France, explique que le nombre d’attaques n’est pas pris en compte lors du recensement. Si aucun indice de présence du loup n’est remonté à l’Office , alors aucun loup n’est compté. « Cela ne choque personne de voir des zones qui ont été attaquées, être catégorisée comme non touchée par cet animal », se questionne-t-il. C’est la goutte de trop. « C’est un mépris pour le travail des éleveurs. »
« Des moyens humains et financiers sont nécessaires »
D’une baisse du nombre de loups en France découle une diminution des droits de tirs pour défendre les élevages. Ce sont les conséquences réelles auxquelles doivent faire face les agriculteurs, menacés et bien souvent impuissants. Pourtant, des estimations plus réelles ont été menées dans certains départements. En Savoie, des bénévoles de la fédération de chasse, de la FDSEA et des JA ont pu, grâce à des aides financières du département, doubler le nombre de loups recensés. Bernard Mogenet explique : « Les pièges photo, enregistreurs sonores et caméras thermiques ont permis d’estimer la population à environ 80 à 100 individus. » 98 % des indices collectés ont été validés par l’OFB. « Le nombre de loup n’a pas réellement doublé entre 2022 et 2021. C’est juste que l’année d’avant, les moyens n’étaient pas à la hauteur, comme partout en France. »
Caméra thermique autorisée pour les éleveurs
« L'autorisation de la caméra thermique pour les éleveurs et chausseurs nous a été confirmée », affirme Claude Font, responsable du dossier loup à la Fédération nationale ovine. Une action trop insuffisante face à la détresse des éleveurs. Il poursuit : « Nous souhaitons demander l’autorisation d’une lunette thermique sur l’arme, ainsi que le droit de tirer sans éclairer la cible en amont. » Ces besoins relèvent de l’efficience des tirs. Bernard Mogenet énumère les requêtes transmises aux ministères concernés par le futur plan national (de l'écologie et de l'agriculture notamment) :
« Nous demandons :
- Une simplification des droits de tir,
- Des tirs de prélèvement toute l’année,
- Une suppression du plafond de destruction actuel de 19 %,
- Un prélèvement de meute entière lorsque la prédation est forte,
- Une autorisation au préfet d’octroyer les tirs de défense,
- Un équipement des éleveurs et chasseurs (lunettes de vision),
- Une augmentation des moyens de comptage pour obtenir une réelle estimation,
- Des droits égaux pour les éleveurs en zone protégée (parcs nationaux ou réserves naturelles) ».
« Les éleveurs souffrent »
Cédric Laboret s’indigne des délais avant de toucher les indemnisations. La réponse de l’Etat est passée de 150 à 110 jours. « L’effort n’est pas si marquant. A partir du moment où l’attaque est reconnue "loup", on ne comprend pas pourquoi il y a besoin d’autant de temps avant de toucher l’indemnisation. »
Du côté de la prévention, les aides s’élèvent à 80 % des dépenses, le reste est financé par les éleveurs eux-mêmes. « C’est la victime qui paye son bourreau », s’exaspère Bernard Mogenet. Tout cela se répercute sur la trésorerie des exploitations. Cédric Laboret constate, dépité : « Nous demandons aux éleveurs de surveiller leur troupeau toute la nuit, et de remplir des papiers la journée. Ce n’est pas possible. Ils souffrent. »
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