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Prédation Mobilisation des éleveurs exaspérés par le plan loup

À Grenoble, une centaine d’éleveurs et plusieurs élus locaux sont venus manifester leur colère et exprimer leur soutien à Jean-Marie Bernard, jugé en cour d’appel dans l’« affaire de la queue de loup ».

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Pour avoir offert une queue de loup à son ancienne préfète en 2020, Jean-Marie Bernard, président du conseil départemental des Hautes-Alpes, avait été condamné à 10 000 € d’amende. Il était mardi 5 octobre 2021 à la cour d’appel de Grenoble.

 

Des éleveurs exaspérés

Plus d’une centaine d’éleveurs étaient aussi au rendez-vous. Venus de l’Isère et des Savoies surtout, mais aussi de la Drôme, de l’Ardèche et même de la Saône-et-Loire, où le prédateur fait des incursions, ils venaient marquer leur soutien à l’élu et leur exaspération face au loup.

 

En attendant l’audience, une délégation FDSEA-JA était reçue à la préfecture en présence du préfet Célet, coordinateur du plan loup. Elle a tapé du poing sur la table. « Si on ne change pas de braquet sur le plan loup, le monde rural arrêtera de rendre service au monde urbain, a lancé Jérôme Crozat, président de la FDSEA de l’Isère. Ils pourront garder leurs boues d’épuration et autres déchets ! » Car pour l’instant, le plan loup « siphonne les comptes publics » sans résultats probants, dénonce la profession.

 

« On a la boule au ventre »

Ainsi Nicolas, en cours d’installation dans les Bauges (Savoie), a « perdu pour 20 000 € de bétail l’an passé, en alpage ». Les victimes ne sont pas de frêles brebis mais de grosses vaches aubracs à cornes… Cinq sont mortes d’avoir sauté dans des barres rocheuses. L’éleveur a été « partiellement indemnisé ». Éleveur alpagiste également, Félix redoute son tour : « Cela fait trois fois que mes voisins disent avoir vu le loup en plein jour. »

 

Nicolas reprend : « On n’osera plus mettre nos bêtes en montagne. On a la boule au ventre parce qu’on ne sait pas si on redescendra avec toutes nos bêtes. On en a marre de perdre des sous et de se battre pour être indemnisés. » Leur demande est claire : « Pouvoir tirer sans attendre d’avoir subi plusieurs attaques, et sans passer par un millier de formalités. Et qu’on arrête d’insinuer qu’on est attaqués parce qu’on s’est mal protégés. »

 

Des attaques jusque dans les villages

Des moyens de protection, Sylvain, éleveur ovin à Mens (Isère), en a choisi deux pour ses alpages : des filets et un berger. « Pas de patou à cause des touristes », précise-t-il. Mais cet été, ce n’est pas en montagne que le loup a sévi. Le 22 août 2021, il a tué six brebis restées au village. L’attaque du loup étant avérée, l’éleveur a été correctement indemnisé. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois… « Mais on n’élève pas nos bêtes pour qu’elles se fassent égorger par un loup ! »

 

Tout juste installé dans le même secteur, Guillaume a déjà connu trois attaques en deux ans sur la ferme familiale. Toutes les indemnités du monde ne compenseront pas « le stress » et « le travail fait pour rien ». Eux deux n’espèrent pas de grandes annonces. « Mais pour une fois qu’un politique nous écoute et nous aide, on vient le soutenir ! »

 

Quelques élus locaux étaient présents. Comme le maire de Flachère et président de l’association des maires ruraux de l’Isère, Cyrille Madinier, « connaît le problème du loup depuis quelques années ». Il a promis aux éleveurs un soutien sans faille : « Vous êtes les piliers de nos communes rurales, on a besoin de vous ! »

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