Morvan, terre nourricière

Au cœur du massif montagneux beau mais rude, le musée des nourrices et des enfants de l’Assistance publique d’Alligny-en-Morvan (Nièvre) retrace la vie de ces femmes « montées » à Paris allaiter d’autres enfants que les leurs. Dans le Morvan du XIXe-début du XXe siècle, région de petite paysannerie, cette activité permettait de ramener de l’argent au foyer. Celui-ci était indispensable à la survie de la famille. Pour être recrutée par une famille bourgeoise, la « nourrice sur lieu » devait posséder un certificat de bonnes mœurs et se plier à un examen médical poussé. On veillait à son confort mais on surveillait aussi son alimentation, son hygiène, ses activités.

L’accueil d’enfants de l’assistance publique dans les villages du Morvan représentait une autre source de revenus. Entre 1807 et 1891, 46 700 enfants abandonnés ou placés temporairement y auraient vécu. L’accueil se perpétuera jusque dans les années soixante-dix. À Alligny, cette histoire est racontée à travers une scénographie vivante où s’entremêlent données historiques, photographies et témoignages sensibles. Dans une lettre signée Pierre de Coubertin et adressée à son ancienne nourrice morvandelle, le rénovateur des Jeux olympiques annonce ainsi qu’il recherche une aussi bonne nourrice qu’elle pour son bébé à naître prochainement. Émouvant…