Le rugby gagne du terrain dans les lycées agricoles

« La première section sportive d’enseignement agricole est née ici, au lycée de Bonnefont, à Brioude, en Haute-Loire, sous l’impulsion de Roger Allard. Dans les années 1990, ce professeur de mathématiques, passionné de rugby, a lancé l’initiative. Dans la foulée, il a aussi créé avec les enseignants d’éducation physique et sportive, le championnat de France des lycées agricoles. Décédé l’année dernière, il lui a été rendu hommage en mai, lors du dernier championnat », explique Jean-François Besson, le directeur de l’établissement.

Très impliquée à ses côtés, sa femme Josette, professeur de sciences physiques, était présente en mai, à Brioude. L’engagement du couple dépassait le seul espace du lycée. « Les jeunes jouaient le dimanche dans leurs clubs de rugby environnants respectifs, et le soir ils allaient tous dîner chez Josette et Roger Allard, parce que l’internat ne faisait pas à manger. »

Les meilleures équipes de France

La formule semble gagnante et bénéficier aux nouvelles générations : pour la troisième année consécutive, les filles « cadets-juniors » du lycée agricole de Bonnefont ont été sacrées championnes de France. Organisée par l’établissement, la ville de Brioude, ainsi que le Sporting club brivadois de rugby, la compétition réunit chaque année, durant trois jours, les 24 meilleures équipes de France issues des lycées agricoles.

Au total, 470 jeunes, filles et garçons, s’affrontent lors des matchs de poules, de demi-finales et de finale. L’évènement est couru, d’autant qu’il joue parfois les tremplins. C’est au lycée de Bonnefont que Jessy Trémoulière, ancienne élève, élue meilleure joueuse du monde de rugby en 2018, a tapé dans ses premiers ballons ovales. « Avant cela, elle faisait du football », se souvient François Besson.

Sous un même maillot

« C’était la première année que je jouais au rugby. Et pour rien au monde, je n’arrêterais désormais », explique Dorine, 17 ans, élève en première bac pro CGEA (conduite et gestion de l’entreprise agricole) au lycée de Bonnefont, sacrée championne de France. La deuxième ligne, numéro 4, se destine à devenir agricultrice, comme sa mère, à la tête d’une ferme de vaches laitières, à Cotteuges dans le Puy-de-Dôme. « Nous transformons le lait en saint-nectaire. Mon objectif est de reprendre à terme en chèvres et en vaches. »

Cette année, en plus de ses cours, Dorine s’est entraînée deux fois par semaine au sein de la section sportive, avec des jeunes aussi bien des filières générales qu’agricoles : « L’intérêt de cette section sportive tient pour moi au décloisonnement, reprend le directeur, Jean-François Besson. On y retrouve des élèves qui se destinent au milieu agricole ou à des filières généralistes. Ils jouent ensemble, tous sous le même maillot. Il n’existe pas de différence entre celui qui, en terminale, envisage de faire médecine et celui qui en seconde professionnelle, projette de reprendre l’exploitation familiale agricole. »

Vider son stress

« Nous sommes un supergroupe, on s’entend vraiment bien, poursuit Dorine. C’est vrai qu’en général, quand on est agriculteur, on n’a pas trop le temps de pratiquer un sport. Mais je fais un lien entre l’agriculture et le rugby. C’est très convivial, on partage un peu les mêmes valeurs. Le rugby me permet en plus de souffler. Le soir, après les cours, cela fait du bien de penser à autre chose. J’ai toujours eu plaisir à aller m’entraîner même durant les périodes où j’étais un peu plus fatigué. Au contraire, le sport me regonflait. »

Les « championnes de Bonnefont », qui rassemblent au total trente-deux élèves, joueront un match, à Nantes, le 30 septembre 2023 contre une équipe rassemblant les meilleures joueuses du pays ayant participé au championnat de France des lycées agricoles. Elles assisteront ensuite à un match de la Coupe du monde.