Question à… Dominique Hallé, psycho-prat « Ils apprennent à négocier, à céder, à partager »
Nous avons deux enfants, une fille de 12 ans et un garçon de 8 ans, qui se chamaillent sans cesse. Au point d’en gâcher régulièrement les repas familiaux. Je ne sais jamais si je dois intervenir ou les laisser régler eux-mêmes leurs différends.
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« Des enfants qui se disputent au sein d’une fratrie, c’est sain. Au cours de ces conflits, qui sont bien souvent des chamailleries, ils apprennent beaucoup de choses : à négocier, à céder, à partager. Ils auront besoin toute leur vie de ces apprentissages, car notre vie familiale, amicale, sociale et professionnelle est faite d’interactions continuelles. Celles-ci nécessitent d’utiliser toutes les facettes de l’intelligence relationnelle, comme la conciliation, la réconciliation. Les querelles, surtout chez les plus jeunes, servent également, bien souvent, à attirer l’attention des parents. Ces derniers sont de moins en moins disponibles, accaparés par des vies professionnelles denses, les outils numériques, les téléphones portables. Ces différends peuvent naître aussi d’un sentiment de frustration chez les plus petits, à qui beaucoup d’interdits sont posés pour leur sécurité. Alors que le plus grand “a le droit, lui”.
En tant que parent, n’intervenez pas trop tôt dans le conflit, sauf bien sûr s’il y a danger physique ou psychologique. Ce second risque est plus difficile à cerner, mais si un enfant se replie sur lui-même, parle moins, ou au contraire devient violent, il faut s’inquiéter. Dans un premier temps, posez-vous en observateur. Laissez votre fille et votre fils gérer la situation. Montrez que vous êtes présent, sans en faire de trop. Ils ont aussi besoin d’un cadre sécurisant. Savoir que vous êtes là, au cas où cela déborderait trop, les rassure. Nos enfants nous testent sans cesse. Et ces chamailleries sont alors l’occasion de mettre à l’épreuve notre attention, notre patience.
Si cela s’envenime, vous pouvez intervenir pour dénouer l’origine du conflit, surtout lorsqu’il y a un sentiment d’injustice éprouvé par votre fille ou votre fils. Se poser en médiateur. Il faut prendre du recul et reformuler les choses, utiliser un langage positif. À un “tu n’es pas gentil”, qui juge et enferme, préférez “tu te comportes mal”, et expliquez pourquoi. Sachez aussi que ce n’est pas l’aîné qui doit toujours faire les efforts, au prétexte qu’il est plus raisonnable. Cela peut créer un sentiment d’injustice, qui rejaillira sur de potentiels futurs conflits. Chacun doit faire un pas vers l’autre. Tous ces conseils relèvent d’une éducation positive et bienveillante, dont on pense à tort qu’elle est libertaire. Elle laisse une marge de manœuvre aux enfants, indispensable à leur développement, tout en leur offrant un cadre rassurant. »
Propos recueillis par Dominique Péronne
(1) Dominique Hallé est accompagnatrice en parentalité à Montenach (Moselle).
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