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Question à… Cathy Milard, directrice de « Il faut qu’elle en parle à un adulte de confiance »

« Une amie du collège m’a confié avoir été agressée sexuellement par son oncle. Elle a honte et n’ose pas en parler. Comment puis-je l’aider ? »

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«Les auteurs d’agressions sexuelles intrafamiliales sont la plupart du temps des hommes agréables, gentils, qui renvoient l’image du père parfait. La notion d’emprise sur leurs victimes est très puissante. Celles-ci ont honte et se sentent coupables. Elles savent qu’en révélant leur secret, elles peuvent détruire la famille et ont toujours peur de ne pas être crues.

Chez une adolescente, des symptômes très forts peuvent alerter l’entourage : scarification, boulimie, anorexie, prise d’alcool ou de drogues dures, tentative de suicide, enchaînement de relations sexuelles avec de nombreux garçons…

Mais une jeune fille qui parle à une amie est prête à sortir du silence. Si elle n’ose pas se confier à ses parents, il faut l’aider à trouver un adulte de confiance qui va recevoir cette parole. Elle peut demander un rendez-vous avec la psychologue scolaire, aller voir l’infirmière du collège ou un professeur, quitte à ce que vous l’accompagniez. Elle peut aussi appeler 24 heures sur 24 la plateforme 119.

L’inceste est un crime et, concernant un mineur, l’adulte qui en est informé se trouve dans l’obligation de faire un signalement. Cela peut être à la gendarmerie ou au commissariat, par une lettre au procureur de la République ou tout simplement en ligne sur le portail de signalement des violences sexuelles du gouvernement (2).

Dans les départements, existent aussi les cellules de recueil des informations préoccupantes (CRIP). Au téléphone, il faudra donner le nom de la victime, celui de l’agresseur, relater les faits (attouchements ou viol) et une enquête sera ouverte par les services sociaux. Je conseille toujours de déposer une plainte à laquelle le procureur donnera suite ou non.

Un jeune qui n’a pas été entendu une première fois, par exemple par une mère dans le déni, attendra de nombreuses années avant de parler à nouveau. S’il garde ce traumatisme pour lui, les conséquences au long de sa vie seront lourdes : précarité, séjour en psychiatrie, dépression, troubles relationnels ou sexuels. Il faut que votre amie puisse parler au plus vite. »Propos recueillis par R. Saint-Pierre

(1) www.sos-inceste-violences-sexuelles.fr. Tél. : 02 22 06 89 03. Écoute au téléphone et accueil en rendez-vous des victimes dès l’âge de 15 ans. Thérapies à coût réduit et ateliers divers (autodéfense,
écriture, travail sur le rapport au corps, etc.).

(2) https://www.interieur.gouv.fr/fr/Actualites/Infos-pratiques/Signalement-des-violences-sexuelles-et-sexistes

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