Question à… Hélène Vecchiali coach en dy Construire un bon narcissismesans démesure
Notre fils de 15 ans passe beaucoup de temps à faire des selfies seul, et les met sur les réseaux sociaux. Il est ravi d’obtenir des « like » de son entourage mais pique des colères terribles si personne n’aime sa photo. Comment l’aider à trouver la juste mesure ?
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Avoir tant besoin d’être « liké » pose question. Vous pouvez lui dire que ce qui compte avant tout est la chaleur et la qualité des liens. La quantité de « like » ne parviendra jamais à combler ses doutes sur lui-même. Les gens qui s’aiment ont un bon narcissisme et font un selfie de temps en temps. Dix fois par jour, tenter de convaincre la terre entière de sa présence, est le signe d’un besoin démesuré du regard d’autrui, et d’une détresse.
Le narcissisme est indispensable pour vivre avec les autres. Il est le socle sur lequel va se construire la personnalité, la capacité à nous aimer et à aimer les autres. Avoir confiance en soi permet de vivre pleinement des bonheurs, et de ne pas être dévasté par certains malheurs. Cet amour de soi se construit au tout début de la vie, quand la mère nourrit son enfant de son regard, de son affection, et lui signifie à quel point il est important pour elle. Le père doit être conscient qu’il a un rôle différent à jouer : faire respecter les limites. Il est essentiel d’accepter d’être deux pour éduquer un enfant, le guider en trouvant le juste milieu entre les interdits et les autorisations, et l’accompagner avec des messages positifs, ni trop ni pas assez.
L’amour de soi défaillant peut prendre la forme de l’hyper-narcissisme. Il se vante d’être le plus beau, le plus grand, le plus fort. Inconsciemment, il voudrait être cet idéal mais n’y arrive pas, c’est douloureux. Il en rajoute, estime que tout lui est dû. Mis tout à coup face à ses failles, il entre dans des rages car il est démuni. À l’opposé, l’hypo-narcissique est convaincu d’être laid, petit et faible. Lui aussi tient à le faire savoir, à être perçu comme victime plutôt que ne pas recevoir d’attention. Il se plaint sans cesse, rien ne va, il refuse les compliments. Là aussi son amour de lui est défaillant. À tout âge, il est possible de rectifier sa façon de faire circuler l’amour, le respect, et la communication dans la famille. Et pourquoi pas entreprendre une thérapie familiale. Le « like » des réseaux sociaux n’est pas le bon médicament.
(1) Elle vient de publier « Moi, moi et moi » Ed. Marabout.
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