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Portrait Les concours lui rendent sa dignité

Grâce à l’élevage et aux concours agricoles, Benoît Camguilhem, natif des Pyrénées-Atlantiques, peut oublier son handicap et trouver sa place dans la société.

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Benoît Camguilhem est né handicapé. Atteint d’IMC (1), cause de troubles moteurs et de difficultés d’apprentissage, le métier d’éleveur – celui de ses parents – ne lui était pas destiné. Les années passées dans les centres de rééducation et les établissements spécialisés l’ont coupé de la vie de l’exploitation. La passion est arrivée plus tard, quand son père Jean-Pierre, arrivé à l’âge de la retraite en 2008, s’est lancé dans le dressage des bovins pour les concours. « J’avais enfin le temps et je voulais aussi faire plaisir à mon fils », confesse l’ancien éleveur. Lorsqu’une vache du troupeau familial décroche un premier prix au concours national blonde d’Aquitaine en 2014, Benoît est fou de joie. C’est le déclic !

Passion et reconnaissance sociale

Benoît travaille en Esat (2). Dès qu’il le peut, il aide à la ferme, reprise par son frère Frédéric, surtout quand il y a les concours à préparer. « Je n’ai pas le statut d’éleveur, mais c’est génial quand même », s’enthousiasme-t-il. À Sallespisse (Pyrénées-Atlantiques), au sein du Gaec familial, le quadragénaire est fier de présenter ses vaches : la première blonde d’Aquitaine achetée avec sa paye, sa descendance, puis celles qui ont gagné des trophées.

Il a participé à beaucoup de foires et de concours, jusqu’à la manifestation la plus magique selon lui, le Salon de l’agriculture de Paris. Le plaisir est à chaque fois renouvelé. « Je ne me sens plus comme un handicapé. Je suis un enfant d’agriculteur », lâche-t-il. Cette passion lui a donné une place sociale. « Les jours de concours, mon fils conduit son veau ou sa vache dans les allées. Je vois des gamins qui l’entourent, des gens qui discutent avec lui. Il évolue à son aise, rencontre des personnes bienveillantes. Je sais qu’il passe une journée agréable et cela me fait vraiment chaud au cœur », souffle son papa, ému. Ce dernier confie à son fils les bêtes les plus braves, « celles qui lui conviennent, qui le reconnaissent et, je le sens, qui feront attention à lui ».

Le rêve de Benoît serait désormais d’ouvrir une ferme pédagogique pour les enfants porteurs de handicap, afin de, précise-t-il, « développer la zoothérapie avec les bovins et faire profiter d’autres de mon vécu ». Porté par son enthousiasme, il frappera à toutes les portes possibles pour mener à bien ses nombreux projets.

Hélène Quenin

(1) Infirmité motrice cérébrale.

(2) Établissement et service d’aide par le travail.

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