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Les photographes questionnent Les photographes questionnent

Ils montrent le travail de ceux qui vivent de la terre, donnent à voir les effets de la transmission ou alertent sur le grignotage des terres. Les photographes ne manquent pas d’imagination pour illustrer toutes les agricultures.

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Avec distance, les photographes professionnels observent l’agriculture dans le viseur de leurs appareils. Ils fixent des situations, des gestes, et des émotions. Leurs photos forment des témoignages du vécu quotidien, comme celles de Pablo Chignard. Il suit depuis quinze ans son ami Mathieu, éleveur de charolaises dans le Puy-de-Dôme. Il soigne ses bêtes, débroussaille, travaille au bureau, met en sachets la viande transformée­ à son atelier. Il est touchant, seul, en famille ou au marché : tous ces gestes donnent à voir le métier au quotidien.

La transmission en lumière

Inspirée par l’œuvre photographique de Raymond Depardon sur ses racines paysannes, Victorine Alisse a débuté au printemps un travail autour de la transmission : « Mes parents n’ont pas repris l’exploitation de mon grand-père, qui a dû la céder, explique-t-elle. Je m’interroge sur le rapport à la terre de ma génération. » Elle suit une dizaine d’exploitants du Nord-Pas-de-Calais, dans leurs activités et leur demande de poser des mots sur ce que signifie pour eux « transmettre ». Elle a aussi réalisé des portraits d’agricultrices dans le Béarn et au Pays basque.

D’autres photographes prennent le risque d’interpeller, voire de déranger. L’Américain Georges Steinmetz a choisi de montrer l’agriculture à très grande échelle, vue du ciel. Il a, par exemple, survolé en Californie des champs de laitues bio à perte de vue, ou encore le ballet de six moissonneuses-batteuses travaillant simultanément à Palouse (État de Washington).

Vivant en Ardèche, Alexa Brunet a travaillé avec des agriculteurs bénévoles et le journaliste-paysan Patrick Herman pour créer « Dystopia ». Les auteurs tirent le signal d’alarme sur un monde agricole en souffrance. « Pour provoquer le débat, il faut parfois pousser le curseur », assume celle qui est aussi petite-fille d’agriculteurs. L’humour grinçant des 30 photos mises en scène dénonce le grignotage des terres agricoles, le manque d’eau, les pollutions, la bureaucratisation, les suicides, etc. Chaque image est accompagnée d’un texte informatif. « Dystopia » est présenté dans les lycées agricoles, existe sous forme de livre et d’exposition (jusqu’au 15 septembre sur le pont Saint-Ange, à Paris).Alexie Valois

 

 

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