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Budget 2026 : Les propositions d’ajustement de trois sénateurs pour soutenir les filières en difficulté

Les sénateurs soulignent “l’augmentation” et “la récurrence des crises en agriculture”, et par conséquent, la nécessité pour le secteur de se voir attribuer davantage de moyens.

Prise en charge de cotisations, prévention et lutte contre les crises sanitaires en élevage, politique forestière… La commission des affaires économiques du Sénat propose huit amendements au budget de l’État affecté à l’agriculture.

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« La baisse des crédits de la mission [Agriculture du projet de loi de finances pour 2026, NDLR] ne saurait se poursuivre éternellement », préviennent les rapporteurs pour avis de la commission des affaires économiques du Sénat — Laurent Duplomb (Haute-Loire, Les Républicains), Franck Menonville (Meuse, Union centriste) et Jean-Claude Tissot (Loire, Socialiste, écologiste et républicain), dans une note du 26 novembre (1).

Ils rendent un avis favorable aux crédits agricoles du budget de l’État, malgré une baisse de 5 % pour la deuxième année consécutive. Les sénateurs soulignent néanmoins « l’augmentation » et « la récurrence des crises en agriculture », et par conséquent, la nécessité pour le secteur de se voir attribuer davantage de moyens. Les rapporteurs formulent donc huit propositions pour un total de 60,5 millions d’euros, « destinés essentiellement à soutenir les exploitations en difficulté ».

Le coût des crises

« Après une production de blé en 2024 la plus faible depuis 40 ans et une baisse des prix de près de 50 % depuis 2022, la situation en 2025 devient intenable », souligne le rapport. Certaines exploitations affichent « un revenu négatif depuis trois ans ». Quant à la viticulture, elle traverse une « triple crise » : structurelle avec un recul de la consommation, conjoncturelle avec la contraction des marchés américains et chinois, et climatique avec « des successions sur quatre, voire cinq années d’aléas climatiques décimant la production ».

Pour répondre à ces difficultés, les sénateurs proposent de maintenir l’aide à la restructuration des exploitations (Area) à son niveau de 2025 (+4 M€) et de créer un fonds d’allègement des charges de 25 millions d’euros « pour prendre en charge une partie des cotisations sociales des exploitations les plus en difficulté ».

S’agissant de l’élevage, le rapport chiffre à « entre 1,6 et 2,1 Mds€ » le coût total des principales épizooties survenues depuis 2020. La seule crise de l’influenza aviaire a coûté 717 millions entre 2020 et 2024. Mais la vaccination, mise en place à la fin de 2023, a permis de réduire drastiquement le nombre de foyers : neuf seulement pour la saison 2025-2026, contre 757 en moyenne par crise.

« Ceci démontre bien l’efficacité de la prévention, dont le coût est autrement plus faible que celui de l’indemnisation », insistent les rapporteurs, qui proposent 15 millions d’euros supplémentaires pour soutenir les vétérinaires ruraux. L’objectif : financer « la mise en place d’une rémunération forfaitaire des cabinets exerçant en milieu rural », estimée à environ 84 euros par élevage.

Concernant la prédation, alors que « le nombre d’attaques augmente », les sénateurs proposent de maintenir les crédits à leur niveau de 2025 (+1 M€), estimant que « les crédits de la politique agricole commune n’ont pas pour vocation de financer des dispositifs de réintroduction d’une espèce et de lutte contre ses conséquences ».

Enfin, l’enveloppe forêt de la planification écologique se réduit : 97,7 millions d’euros en 2026 contre 195 millions en 2025 et 509 millions en 2024. Les rapporteurs déplorent que « le “stop and go” provoqué par les coups de rabots successifs portés à la planification écologique nuise à la stabilité et à la lisibilité de la politique forestière ». Ils proposent notamment d’augmenter ces crédits de 15 millions, dont 10 pour le renouvellement forestier et 5 pour soutenir l’aval de la filière du bois.

Divergences entre rapporteurs

Si l’avis majoritaire est favorable au budget, Jean-Claude Tissot exprime des réserves. Le sénateur socialiste « souligne que cette baisse intervient après une première coupe, en loi de finances pour 2025, des crédits de la planification écologique », mettant « un coup d’arrêt à une ambition forte ». Il pointe particulièrement « l’effondrement » du programme concernant la réduction des produits phytopharmaceutiques.

Sur le plan fiscal, les divergences sont encore plus marquées. Laurent Duplomb et Franck Menonville soutiendront « à titre personnel » l’extension de la déduction pour épargne de précaution aux aléas économiques, l’aide aux éleveurs touchés, dont le cheptel a fait l’objet de mesures d’abattage, notamment par l’exonération sociale des indemnités perçues et faisant l’objet d’une exonération fiscale, et le retrait de la surtaxe sur les biocarburants. Jean-Claude Tissot, quant à lui, « ne souscrivant pas à ces mesures », défendra un renforcement de l’exonération des indemnités d’abattage sanitaire.

(1) Les rapports pour avis sont des documents rédigés par les différentes commissions du Sénat pour donner leur point de vue sur les parties du budget de l’État qui concernent leur compétence — pour l’agriculture, c’est donc la commission des aaffaires économiques. Ces rapports complètent celui de la commission des finances, qui s’occupe du budget dans son ensemble sans toutefois pouvoir entrer aussi finement dans chaque politique publique.

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