Mercosur : la Confédération paysanne accuse la France d’insuffisance diplomatique
La Confédération paysanne dénonce l’absence d’initiative diplomatique de la France auprès des capitales européennes pour constituer une minorité de blocage capable d’enrayer la ratification de l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur.
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« S’il existe un seul accord susceptible d’échouer dans le processus de ratification à l’échelle européenne, c’est celui du Mercosur », affirme Maxime Combes, économiste en charge du suivi des politiques commerciales pour l’Aitec (Association internationale de techniciens, experts et chercheurs) et membre du collectif Stop-Ceta Mercosur. La Confédération paysanne, qui fait partie du collectif, dénonce l’absence d’initiative de la France auprès des États membres de l’Union européenne pour bloquer l’accord.
Lors d’une conférence organisée par le syndicat, le 7 octobre 2025 au Sommet de l’élevage (Cournon-d’Auvergne), Maxime Combes a rappelé qu’il s’agit de l’accord commercial le plus contesté de l’histoire de l’Union européenne. Néanmoins, après des négociations achevées en décembre 2024, la Commission approuvé le projet d’accord le 3 septembre 2025. Le texte doit désormais être soumis à l’approbation des États membres au Conseil de l’Union et du Parlement européen.
La Pologne mobilisée
Bien que le processus de ratification soit en cours, un scénario demeure envisageable selon Maxime Combes : la constitution d’une minorité de blocage au sein du Conseil de l’Union européenne. Pour être effective, cette minorité nécessite la réunion d’au moins quatre États membres représentant collectivement un minimum de 35 % de la population européenne. Or, la France n’accomplirait pas le travail diplomatique indispensable pour convaincre les pays indécis et les rallier à sa cause, selon l’économiste.
« Aujourd’hui, la Pologne est le pays le plus mobilisé contre l’accord, souligne-t-il. Un travail de persuasion pourrait être mené auprès de la Roumanie, de l’Irlande, des Pays-Bas, de la Belgique ou encore de l’Italie. » La Pologne a effectivement adopté une résolution contre le traité le 27 novembre 2024, rejoignant ainsi la France dans son opposition. L’Italie s’est également officiellement positionnée contre l’accord en novembre 2024, tandis que l’Autriche a exprimé ses réticences par le passé.
Bascule des voix au Parlement
Le vote au Conseil aura probablement lieu fin novembre, début décembre, précise Maxime Combes. S’il venait à valider l’accord, une étape supplémentaire demeure : l’approbation du Parlement européen. Or, ce dossier divise profondément l’ensemble des pays et des groupes politiques au sein de chaque nation. « Il ne s’agit nullement d’une configuration monolithique où certains groupes du Parlement européen voteraient uniformément en faveur de l’accord tandis que d’autres s’y opposeraient de manière systématique, » précise l’économiste.
Selon lui, les partisans de l’accord ne sont pas assurés d’avoir une majorité. Ordinairement, même les accords de libre-échange les plus controversés sont adoptés avec une majorité écrasante d’environ 75 % contre 25 %. « Si un État d’importance bascule – que ce soit l’Italie, la Roumanie ou d’autres nations significatives –, cela entraînerait le basculement d’un nombre considérable de voix dans un sens comme dans l’autre », conclut Maxime Combes.
A l’issue de la conférence, la Confédération paysanne a organisé une manifestation contre l’accord, dans les allées du salon. Elle se mobilisera aussi le 14 octobre, à Paris.
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