L’accord avec le Mercosur ne sera pas signé au G20, estime Annie Genevard
La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, s'est dite convaincue que l’accord de libre-échange négocié entre l’Union européenne et les pays du Mercosur ne sera « pas signé » à Rio de Janeiro lors du G20 les 18 et 19 novembre prochains. Elle l’a déclaré sur France 3 ce dimanche 10 novembre 2024, lors de l’émission Dimanche Politique.
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La présidente de la Commission européenne « Ursula von der Leyen connaît parfaitement la position de la France sur le Mercosur, de même que d’autres pays, et c’est la raison pour laquelle cet accord ne sera pas signé à Rio dans quelques jours », a estimé Annie Genevard sur la chaîne de télévision française France 3. La ministre de l’Agriculture a rappelé l’opposition de la France à la signature de cet accord en l’état.
La position de la France sur le Mercosur est claire, nous y sommes opposés.
— Annie Genevard (@AnnieGenevard) November 10, 2024
L’objectif est aujourd’hui de rallier nos partenaires européens pour éviter l’adoption d’un accord de libre-échange qui nuirait gravement à notre agriculture. pic.twitter.com/LRhBuumzFC
Une position unanime en France, des alliés à trouver en Europe
« C’est un mauvais accord » car il « va faire déferler sur notre pays une quantité de productions qui vont venir concurrencer directement nos producteurs : 99 000 tonnes de bœuf, 180 000 tonnes de sucre, autant de [viande de] volailles, a-t-elle détaillé. Ça n’est pas possible. En plus, cela se fait au prix de la déforestation et de normes environnementales qu’on nous imposent à nous et qui ne sont pas respectées chez eux. »
« La France dit non, et la France n’est pas seule dans ce refus, a assuré la ministre. Ce qu’il faut obtenir, c’est de quoi exercer notre veto. Ça dépend d’arriver à rallier suffisamment de pays à cette cause, pour que nous puissions dire non à cet accord. […] Et il faut absolument que les parlements nationaux se prononcent. L’Assemblée nationale et le Sénat se prononceront, et j’en suis persuadé, contre. »
Les syndicats agricoles français sont opposés à la signature de cet accord, négocié depuis des décennies entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay et Bolivie). Ils ont fait de cette signature « une ligne rouge » à ne pas franchir, alors qu’ils prévoient d’amplifier la mobilisation à partir de la mi-novembre, n’excluant pas d’aller jusqu’à Bruxelles.
« Se protéger » aussi des droits de douane des États-Unis
Par ailleurs, alors que Donald Trump a promis durant sa campagne une hausse de 10 à 20 % des droits de douane sur les produits importés aux États-Unis, Annie Genevard a appelé l’Europe à « se protéger » contre « une agression ». « Les mesures douanières annoncées seraient très préjudiciables. Il ne faut pas avoir de naïveté. Quand Donald Trump dit “America First”, nous, on doit dire Europe Fist, France First », a-t-elle plaidé.
« Cela veut dire qu’il faut que l’Europe se protège. On ne peut se laisser intimider, déposséder de nos propres productions, il faut répondre », a-t-elle insisté, sans toutefois indiquer comment. Les États-Unis sont le premier débouché des vins français à l’exportation.
Lors du premier mandat de Donald Trump, des taxes douanières de 25 % avaient été imposées en octobre 2019 par l’administration américaine sur certains produits, dont des fromages, des vins, puis le cognac. Des droits de douane punitifs sur cette eau-de-vie compliqueraient significativement la vie des producteurs, déjà touchés par des mesures similaires de la part de Pékin.
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