L’accord avec le Mercosur devra encore attendre
Espéré par certains cette semaine, la signature d’un accord entre le Mercosur et l’Union européenne ne devrait finalement pas avoir lieu, l’Argentine ne souhaitant notamment pas s’engager avant l’investiture de son nouveau président.
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L’optimisme était de mise chez les partisans de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, qui espéraient une signature cette semaine, mais il leur faudra patienter. L’Argentine a en effet annoncé le 2 décembre 2023, qu’elle ne signerait pas l’accord en l’état, et surtout pas avant l’intronisation de son nouveau président, Javier Milei, prévue ce dimanche 10 décembre 2023. Valdis Dombrovskis, le commissaire européen au Commerce, a quant à lui annulé sa visite au Brésil pour le sommet du Mercosur des 6 et 7 décembre 2023.
L’Espagne pousse pour un accord avec le Mercosur (29/11/2023)
Depuis l’élection du populiste Javier Milei à la tête de l’Argentine à la fin de novembre, quelques inquiétudes planaient au-dessus de la signature. Des inquiétudes qui avaient été tempérées par la future ministre des Affaires étrangères argentine, Diana Mondino, au sortir d’une réunion avec le président Lula. « Nous sommes d’accord avec le Brésil, et nous avons parlé de l’importance de signer l’accord Mercosur-Union européenne », avait-elle relaté en ajoutant que le changement de gouvernement ne serait pas un « obstacle » à la signature.
Changement de cap
C’est pourtant un membre du gouvernement actuel qui a douché les espoirs de certains dans le quotidien La Nación. « Les pourparlers se poursuivront et le travail accompli est long, mais les conditions de signature de l’accord ne sont pas remplies », a déclaré Santiago Cafiero, ministre des Affaires étrangères actuel.
Son président Alberto Fernandez, lui aussi encore en place pour quelques jours, a directement pointé l’Union européenne dans ces désaccords. « L’accord Mercosur-Union européenne n’a pas été signé, non pas parce que l’Argentine ne le veut pas, mais parce qu’il s’est heurté à des résistances en Europe », a-t-il déclaré dans un entretien à la radio Futurock.
La France, un « obstacle »
Les vents contraires ne sont pas tous venus de l’Argentine. Tancé par plusieurs syndicats de filières agricoles français la semaine dernière dans une lettre ouverte, Emmanuel Macron s’est lui aussi exprimé en marge d’une rencontre avec le président Lula, lors de la Cop 28 à Dubaï. Il a notamment estimé que l’accord était « complètement contradictoire » avec ce que le président brésilien était en train de mettre en place au Brésil, ajoutant que l’accord « ne prend pas en compte la biodiversité et le climat ».
Ce qui n’a pas manqué de faire réagir Lula, qualifiant la France de protectionniste. « La France a toujours créé des obstacles pour un accord entre l’Union européenne et le Mercosur, car elle a des milliers de producteurs et veut produire ses produits à elle. Mais ce qu’elle ne sait pas, c’est que le Brésil a plus de 4 millions de petits producteurs, qui produisent des aliments de qualité […] que nous voulons vendre nous aussi », a-t-il déclaré à la presse. Précisant ensuite que l’Union européenne n’avait pas les mêmes positions que la France sur le sujet.
Une tendance incertaine
Lula s’est rendu en Allemagne dans la foulée le dimanche 3 décembre pour tenter de maintenir l’accord en vie, dans un pays qui y est beaucoup plus favorable. Le temps presse toutefois. L’Espagne et le Brésil, très en faveur de l’accord, passeront tous les deux la main de leur présidence tournante à la fin de décembre à la Belgique et au Paraguay respectivement. Des signaux plutôt négatifs pour la signature d’un accord décidément imprévisible.
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