Des filières interpellent Emmanuel Macron sur le Mercosur

L’échec de l’accord avec l’Australie était largement dû au volet agricole et à quelques jours d’une possible signature de l’accord avec le Mercosur, plusieurs syndicats de filières agricoles lui espèrent le même sort. Dans une lettre ouverte au président de la République, envoyée le 30 novembre 2023, l'Anvol représentant la filière de la volaille de chair, Intercéréales celle des grandes cultures, le syndicat de la betterave à sucre AIBS et enfin Interbev pour la filière de la viande exhortent Emmanuel Macron de stopper les discussions de la Commission européenne.

Un rappel de l’engagement présidentiel

Le Salon de l’agriculture est déjà loin mais les rédacteurs de cette lettre n’ont pas oublié les paroles du président à l’époque. « Un accord avec les pays du continent latino-américain n’est pas possible s’ils ne respectent pas comme nous les accords de Paris et s’ils ne respectent pas les mêmes contraintes environnementales et sanitaires qu’on impose à nos producteurs », avait-il assuré.

Or les propositions de la Commission au Mercosur incluent un addendum environnemental « n’intégrant, d’aucune manière, de clauses miroirs visant à conditionner l’accès des produits sud-américains à notre marché au respect des normes de production environnementales et sanitaires qui nous sont imposées », reprochent les signataires. Une perspective qui fait craindre aux filières que « le poulet dopé aux antibiotiques, le bœuf engraissé en feedlot de 30 000 animaux, le maïs traité à l’atrazine et autres produits phares des exportations brésiliennes accéderaient sans restriction aux quotas d’importation à droits de douane nuls ou réduits tels que prévus dans l’accord conclu en 2019. »

ACCORD #MERCOSUR
Les professionnels des filières agricoles françaises, représentants des filières animales et végétales, viennent d’adresser une lettre ouverte collective au Président de la République Emmanuel Macronhttps://t.co/MklCyqlUVN

— Interpro ANVOL (@Interpro_Anvol) November 30, 2023

Un constat d’un laisser-faire

Alors que beaucoup pensent qu’un accord est encore hypothétique, les discussions entre les deux blocs continuent d’avancer si bien que plusieurs dirigeants en place de part et d’autre espèrent une signature pour le sommet du Mercosur du 7 décembre. Une situation reprochée par les signataires de la lettre qui blâment l’absence de la parole de la France pour calmer les velléités de la Commission. « La France n’a pas, non plus, incité la Commission européenne à la prudence dans ses prises de parole sur le sujet. Au contraire, ses représentants ont multiplié les appels publics à la ratification au cours des dernières semaines », pointent-ils.

Comme un dernier recours, les signataires s’adressent donc directement à Emmanuel Macron : « Monsieur le Président de la République, nous nous en remettons une nouvelle fois à vous pour taper, une fois pour toutes, du poing sur la table. »

« Si, comme nous le croyons, la voix de la France pèse encore à Bruxelles, vous devez exiger l’arrêt immédiat des discussions telles qu’engagées en vue de la ratification de l’accord », plaident-ils.