UE-Mercosur Macron défend l’accord, y compris pour l’agriculture
Le président français Emmanuel Macron a défendu mardi à Bruxelles l’accord de libre-échange trouvé entre l’UE et les pays du Mercosur, largement critiqué, en mettant en garde contre les attitudes « néoprotectionnistes » qui refuseraient la réciprocité des échanges.
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« Nous ne sommes pas des protectionnistes […], la réalité de notre pays n’est pas protectionniste », a affirmé M. Macron, interrogé à l’issue d’un sommet européen consacré aux nominations aux plus hauts postes de l’UE.
« Que ceux qui disent que tout accord commercial est mauvais me disent dans ces cas-là comment ils vont s’habiller, s’alimenter, se déplacer », a-t-il ajouté. « Un accord commercial n’est pas mauvais en soi. »
Selon le chef de l’État, « pendant trop longtemps, il y a eu une naïveté libre-échangiste, parfois complètement contradictoire avec l’ambition climatique, et qui a déséquilibré des secteurs. C’est terminé ! » Mais, a-t-il enchaîné, « il ne faut pas non plus qu’il y ait une espèce de néoprotectionnisme qui s’installe en disant “L’autre est forcément mauvais” ».
Il a cité le secteur de l’agriculture, où des voix se sont fait entendre, dans toute l’Europe, pour dénoncer l’accord annoncé vendredi dernier avec le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay). « Ce sont les mêmes qui viennent me demander “Monsieur le président, aidez-nous à accéder au marché chinois […] au marché brésilien, à tel ou tel marché”. Mais le monde vit comment quand on accède à un marché ? Le marché veut accéder à nous ! », a insisté M. Macron.
Le président français a assuré que du côté européen des dispositions avaient été prises pour protéger, grâce à des quotas, des filières sensibles, « le bœuf et le sucre en particulier ».
Il a aussi évoqué une clause de sauvegarde négociée en accord avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. « Si cet accord venait à déséquilibrer de manière très profonde une filière, nous avons la possibilité d’en suspendre l’application », a-t-il expliqué.
Le président français a aussi promis dès à présent une évaluation des impacts, puis dans un deuxième temps « un travail de suivi indépendant et transparent » par des experts.
Sur le Mercosur, il faut dire les choses comme elles sont : pic.twitter.com/Cizr1M8mEI
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 2 juillet 2019
« Qu’au début du commencement » d’un long processus
De son côté, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a souligné mardi que les négociations sur l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur n’en étaient « qu’au début du commencement » du long processus avant une éventuelle ratification.
Interpellé au cours d’un forum avec la société civile avant le sommet du G7 de Biarritz, M. Le Drian a constaté que la discussion sur cet accord commercial était devenue « un peu nerveuse ces dernières heures » en France. Or « il y a peu de personnes qui ont lu le texte » de l’accord, a-t-il fait remarquer. « Moi, je ne l’ai pas lu », a-t-il ajouté, en précisant que, pour le moment, il s’agissait d’un accord « signé entre la Commission et le Mercosur ». « Nous n’en sommes donc qu’au début du commencement » des négociations, selon le ministre.
Mais, face aux critiques tous azimuts de l’opposition, des ONG et des agriculteurs, « on ne va pas se plaindre que le président (brésilien Jair) Bolsonaro se dise en faveur de l’accord de Paris » au sommet du G20 d’Osaka ». Mais « nous demandons à voir » car « n’allons pas nous lancer dans un accord commercial s’il y a uniquement un déclaratif », a souligné Jean-Yves Le Drian. « Il faudra être très exigeant. »
Pour sa part, la secrétaire d’État française aux Affaires européennes, Amélie de Montchalin, a déclaré mercredi que la question de la ratification de l’accord signé entre l’UE et les pays du Mercosur ne se posait pas dans l’immédiat.
« Est-ce que c’est le moment de se demander si la question de la ratification se pose là, maintenant ? La réponse est non », a-t-elle souligné sur France Inter. « Est-ce que les Parlements nationaux, le Parlement européen aujourd’hui ont le texte ? Non. Est-ce qu’ils l’ont évalué ? Non. Est-ce qu’ils ont pu travailler ensemble pour peut-être regarder comment cela allait fonctionner ou bien les critères mêmes d’évaluation qu’ils voulaient créer ? Non », a-t-elle martelé.
Les agriculteurs européens fustigent l’accord conclu vendredi à Bruxelles, qui les place, selon eux, face à une concurrence déloyale et qu’ils dénoncent depuis des mois.
L’accord comporte « des quotas, des normes environnementales à respecter et une clause de sauvegarde » pour protéger l’agriculture européenne, a relevé Amélie de Montchalin. Il faut maintenant « qu’on fasse cette étude […] qu’on leur montre (aux agriculteurs) comment marche la clause de sauvegarde, qu’on s’assure qu’elle marchera bien dans les moments de crise », a-t-elle poursuivi.
« Il faut qu’on s’assure que les normes que l’on demande au Brésil, à l’Argentine et aux autres pays de l’Amérique du Sud de respecter seront bien respectées », a ajouté la secrétaire d’État.
« Notre agriculture française exporte et vous ne pouvez pas demander à exporter si ensuite vous fermez vous-mêmes vos frontières », a insisté Amélie de Montchalin.
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