Login

Accord avec le Mercosur « Il sera impossible de contrôler la qualité des produits importés »

Les représentants des principales filières agricoles concernées par l’accord de libre-échange entre l’UE et les pays de l’Amérique du Sud ont été entendus le 17 juillet 2019 par les sénateurs. Ils sont unanimes : l’Union européenne n’a pas la capacité de contrôler la conformité des produits agricoles importés avec la réglementation européenne.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Les représentants des filières agricoles concernées par l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) ont été auditionnés le 17 juillet 2019 par le groupe d’études en charge de l’agriculture et de l’alimentation du Sénat. Contrairement à ce que la Commission européenne a pu certifier il y a quelques jours, l’UE n’a pas, selon eux, la capacité de contrôler si les produits agricoles sud-américains respecteront bien les normes européennes.

Accord voté par l’UE, contrôles effectués par les pays membres

« Nous savons que la réglementation dans les élevages des pays du Mercosur n’est pas la même que chez nous et que des documents relatifs au respect des normes ont été falsifiés au Brésil l’an dernier », explique Jean-Michel Schaeffer, président d’Anvol, l’interprofession de la volaille de chair. « Nous ne pouvons pas entendre de la part de l’UE qu’elle va mettre en place des contrôles car ceux-ci sont effectués, en pratique, par les États membres. » Certains pourraient ne pas jouer le jeu. J.-M. Schaeffer réclame plus d’harmonisation entre les pays et un vrai étiquetage sur l’origine des produits.

2,5 équivalents temps plein par département pour contrôler

Des contrôles efficaces nécessitent un effectif humain important, ce qui est loin d’être le cas actuellement. « Lorsque nous réclamons plus de contrôles sur le miel importé, on nous répond qu’il existe 2,5 équivalents temps plein par département pour contrôler toutes les filières agricoles », constate amèrement Éric Lelong, président d’Interapi. Et le projet d’accord de libre-échange n’offre pas de garantie qui assurerait le respect des normes européennes. « Nous n’avons reçu aucune garantie de la part du gouvernement pour être protégés contre les pratiques d’élevage sud-américaines, interdites en Europe », a martelé Bruno Dufayet, président de la FNB (Fédération nationale bovine).

Antibiotique et OGM

« Au Brésil, un jeune bovin est commercialisé 45 % moins cher qu’en Europe, car le modèle d’élevage est à l’opposé du modèle européen. La traçabilité n’existe pas. Les antibiotiques sont autorisés pour favoriser la croissance des animaux, ce qui est interdit chez nous, et la taille des exploitations n’a rien à voir avec celle des exploitations françaises », constate Bruno Dufayet. Cette différence de normes a également été soulevée par Matthieu Caldumbide, vice-président de l’AGPM (Association générale des producteurs de maïs), qui déplore que le maïs OGM représente 89 % de la production brésilienne et 97 % de la production argentine.

 

Alors que l’agriculture française ne cesse de perdre des parts de marché dans le commerce extérieur, la signature d’un accord avec les pays du Mercosur, déjà très concurrentiels, pourrait avoir des conséquences importantes pour la ferme France.

 

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement