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Le lait diafiltré fait bouillir les élev Le lait diafiltré fait bouillir les éleveurs canadiens

Habitués au mécanisme de la gestion de l’offre, les producteurs laitiers canadiens s’inquiètent des ouvertures plus ou moins déguisées de leur marché qui pourrait faire imploser leur système.

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Début juin, 2 500 producteurs laitiers, sur les 15 000 que compte le Canada, ont manifesté devant le Parlement fédéral à Ottawa. Ils protestent contre l’utilisation massive de lait diafiltré par les industriels qui bousculent leur sacro-sainte gestion de l’offre. Dans ce pays où l’on défend bec et ongles la libéralisation des marchés, la filière laitière fait figure d’exception.

La gestion de l’offre est un système unique au monde, géré par les producteurs eux-mêmes, qui permet d’aligner l’offre à la demande intérieure. Les importations de produits laitiers sont excessivement taxées. Quant à l’export, il est inexistant, le Canada ayant obtenu l’autorisation par l’OMC de conserver son système à condition de ne pas interagir sur les marchés mondiaux avec ses surplus de poudres de lait.

L’arrivée de lait diafiltré fait donc l’effet d’une bombe. Ce concentré de protéines liquides passe la frontière comme un ingrédient, échappant ainsi aux taxes à son entrée sur le territoire. Une fois à l’usine, il est considéré comme du lait, ce qui permet aux industriels de l’utiliser. Avec cette « manœuvre », les fabricants de fromages et de yaourts commandent moins de lait aux producteurs, l’offre abonde et les prix chutent.

« Je ne peux pas limiter ma production et supporter qu’on importe du lait diafiltré », explique Christian Lacasse, exploitant à Saint-Vallier, à environ 40 km de la ville de Québec. « Nous avons fait le choix de ne produire que pour le marché intérieur, cela nécessite un contrôle drastique aux frontières », renchérit-il.

Lait contre bois

Cette faille dans la réglementation n’a pas échappé aux exportateurs américains et aux transformateurs canadiens qui ont co-construit ce nouveau marché. Selon l’Union des producteurs agricoles, équivalente québécoise de la FNSEA, les pertes des producteurs liées à ces importations se sont élevées à 220 millions $ en 2015 (150 M€). Pour autant, le gouvernement fédéral ne semble pas enclin à trouver une solution, les États-Unis mettant la pression sur les importations de bois d’œuvre, secteurs stratégiques au Canada. En attendant, les éleveurs s’inquiètent : ce système qui les protège est déjà bien malmené en raison des concessions faites dans le cadre des accords de libre-échange avec les pays d’Asie et l’Union européenne.

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