La culture de l'arachide s’implante en Poitou-Charentes
Après quatre ans d’essais et de tâtonnement, Ocealia a accompagné cinq agriculteurs dans la production de cacahuète. La coopérative vise les 1 000 hectares dans cinq ans.
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L’arracheuse passe au-dessus de chaque rang, arrache les plantes et les retourne pour exposer leurs racines. À ces racines sont accrochées des coques de cacahuètes recouvertes d’un peu de terre. Des graines de cacahuète remplissent ces coques. Encore humides, elles ont cette saveur fraîche des noisettes ou des amandes qu’on vient d’attraper dans un arbre. Les cacahuètes vont sécher quelques jours au soleil puis seront retirées de leurs coques.
Derrière cette production se trouve la coopérative Ocealia, implantée dans le centre-ouest de la France, et sa filiale commerciale Menguy’s. Forte de la “success story” qu’elle a connue avec le maïs pop-corn dans les années 1990, succès qui se poursuit encore aujourd’hui, elle a monté son opération cacahuète sur une trame similaire.
Sols filtrants et ensoleillement
« Nous sommes partis d’une feuille blanche », reconnaît Sébastien Forest, du service technique d’Ocealia. La culture de l’arachide, plante annuelle et rampante, est originaire d’Amérique du Sud. La fleur fécondée produit un gynophore qui va s’enterrer dans le sol où se forment alors les coques. On manque évidemment de repères en France.
La coopérative a donc mené quatre ans d’essais sur des microparcelles pour tester une dizaine de variétés venues pour la plupart d’Amérique, Nord et Sud. Il a fallu déterminer les mieux adaptées vis-à-vis de leur précocité et de leur capacité à s’adapter au climat du Poitou-Charentes, identifier les outils nécessaires et les itinéraires culturaux. « L’arachide est une plante tropicale, elle craint le froid et l’eau. Les terroirs les plus adaptés, ce sont des sols plutôt légers, sableux, des terres filtrantes. L’arachide a aussi besoin d’un bon ensoleillement », indique Sébastien Forest.
Cette année 2025, les essais sont passés à une échelle intermédiaire : 10 hectares ont été mis en production répartis chez cinq producteurs, avec des îlots de 1 à 2 hectares. « Nous sommes passés au travail en conditions réelles » afin de tester des programmes de fertilisation et de désherbage et, plus globalement, de poser les bases de ce qui doit devenir une véritable filière.
Trois binages et trois arrosages
La cacahuète a plusieurs atouts à son actif. « Dans la rotation, elle apporte un très bon précédent grâce au relargage d’azote », souligne Sébastien Forest. C’est en effet une espèce de la famille des légumineuses, capable de fixer l’azote atmosphérique. « Elle n’a pas de problème de maladie ou d’insecte. C’est vraiment une culture à bas intrants », précise-t-il.
Les semis se font avec le même écartement que pour un maïs, le désherbage est uniquement mécanique. Quant à la récolte, elle nécessite une arracheuse spécifique. Stéphane Gémon, l’un des cinq producteurs de cette année, l’a maîtrisée très vite. Depuis les semis en mai jusqu'à la récolte en octobre, il n’a rencontré aucun problème. « Il y a un très bon suivi de la coopérative, j’apprends en même temps qu’eux », déclare l’agriculteur. Ses interventions ont porté sur trois passages de bineuse et trois arrosages.
Une centaine d’agriculteurs à terme
Ocealia prévoit de monter en puissance et, à terme, de produire 1 000 hectares d’arachide selon le même modèle que sa filière du maïs pop-corn, dont les surfaces s’étendent aujourd’hui sur 2 000 hectares. La culture va être proposée à une centaine d’agriculteurs et sera contractualisée, avec un suivi technique depuis le choix des variétés jusqu’à la récolte, pour garantir une bonne rémunération. Dès cette année, Menguy’s va commercialiser les premières cacahuètes grillées et salées made in France.
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