« Les cessations d’activité s’accélèrent pour les élevages laitiers bio »
Depuis juillet 2022, 6 % d’exploitations bio ont cessé leur activité. « Du jamais vu », estime l’interprofession laitière (Cniel) à l’occasion du Sommet de l’élevage à Cournon-d’Auvergne (Puy-de-Dôme). Mais le contexte inflationniste se détend, augurant d’un avenir moins sombre selon l’interprofession.
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« En élevage laitier bio, les conversions sont marginales, les déconversions s’accélèrent », analyse Corentin Puvilland, économiste au Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel) lors d’une conférence organisée au Sommet de l’élevage le mercredi 4 octobre 2023. Depuis juillet 2022, presque 6 % des exploitations bio qui ont cessé leur activité. « 40 % des cessations sont des déconversions au bio. Le reste comprend des départs à la retraite et des arrêts de l’atelier laitier », précise Corentin Puvilland. Une tendance qui détonne après un doublement du nombre de conversions entre 2017 et 2022. En conséquence, la collecte a baissé de 7 % depuis juillet 2022 et devrait perdre encore 8 % sur 2 ans, selon le Cniel.
Des signaux positifs
Pour l’économiste, la cause de l’abandon du bio par les éleveurs est majoritairement conjoncturelle. « Les exploitations accusent le coup de l’inflation. Les Français baissent en gamme et consomment moins de produits laitiers bio car leur prix a fortement augmenté avec l’inflation. »
Cependant, le Cniel estime que plusieurs signaux positifs permettent d’espérer une amélioration de la situation. « L’inflation ne sera pas éternelle. Elle devrait ralentir pour repasser sous la barre des 3 % en 2025. »
Le cas de l’Allemagne illustre bien ce phénomène. « Le marché allemand est plus réactif aux cours des matières premières, dont le prix baisse. Ainsi, on observe une détente du prix de l’alimentaire », explique Corentin Puvilland. Résultat, l’achat des produits laitiers bio repart à la hausse outre-Rhin. « Nous avons de bonnes raisons de croire qu’en France la consommation rebondira également dans le futur avec une détente des prix de l’alimentaire. Cela prouve que la crise du bio est majoritairement liée au contexte inflationniste. Nous déplorons que cette production pâtisse autant d’une crise conjoncturelle ».
« Manque à gagner dans la restauration hors domicile »
Autre signal encourageant, la hausse d’utilisation de produits laitiers bio par la restauration hors domicile (RHD), du fait de la loi Egalim. « La consommation par la RHD a bondi de 240 % entre 2019 et 2022. Aujourd’hui, elle absorbe 5 % de la collecte ». Mais le manque à gagner est encore immense, puisque la RHD utilise seulement 8 % de produits laitiers bio, au lieu des 20 % réglementaires. « Si l’on atteignait les 20 %, cela permettrait d’absorber un cinquième du volume déclassé actuellement », constate l’économiste du Cniel.
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