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Retricoter les filières locales de la laine

« Apprendre à trier la laine est fondamental, car sa valorisation en dépend », insiste Aline Robert, éleveuse (au centre), entourée de Catherine Apostolo de Enlainez-vous (à droite) et de Marie-Thérèse Chaupin de l’atelier Laines d’Europe.

Des initiatives dans le quart sud-est de la France redonnent de la valeur à la laine, mais les outils et la formation manquent.

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Depuis quelques années, Gregory Vezain, tondeur de moutons en Isère, voit « des amoncellements de laine dans les fermes ». Comme ailleurs en France, la plupart des élevages ne sont plus collectés, affirme la Confédération paysanne, qui organisait le 25 mars 2024 une journée en Isère sur la laine.

Moins de débouchés vers la Chine

« Les exportations vers la Chine, qui représentaient le principal débouché de la laine brute française, se sont arrêtées pendant la crise du Covid et n’ont pas repris à leur niveau d’avant », explique Aline Robert, engagée dans le groupe en charge de la laine du syndicat. Elle-même s’est installée en 2014 à Saint-Laurent-en-Beaumont avec, pour projet, de valoriser la laine de son troupeau mérinos. Elle a connu les débuts de l’association Mérilainos, créée en 2013 avec l’appui de l’atelier Laines d’Europe, un réseau européen de promotion et d’entraide.

« Mérilainos compte une vingtaine d’adhérents dans le quart sud-est de la France, ce qui nous permet de rassembler un tonnage suffisant pour accéder aux usines de lavage, peignage et filage de haut de gamme qui subsistent en Italie, indique Aline Robert. Nous y envoyons chaque année 5 à 8 tonnes de laine brute triée. »

Selon le rendement au tri et le type de transformation (pelote, vêtements…), les éleveurs empochent entre 5 et 20 €/kg de laine envoyée dans ce circuit. À comparer avec les prix actuels de la laine triée collectée à la ferme : « 1,4 €/kg pour de la mérinos, 0,10 €/kg au mieux pour les autres laines », selon la Confédération paysanne. Pour Aline Robert, c’est 3 500 € de bénéfice annuel pour 200 kg de laine triée, mais il lui faut avancer presque un an de trésorerie.

Microfilières

Ici et là, d’autres microfilières fonctionnent. Dans le Var, trois éleveurs de races différentes ont créé « Enlainez-vous » avec des bergers et des bénévoles passionnés, pour transformer et vendre leur laine. En Savoie, Laines d’Europe accompagne depuis quatre ans le syndicat ovin pour recréer une filière d’approvisionnement locale pour la filature Arpin, avec une trentaine d’éleveurs de toutes races.

Sur les 10 000 tonnes de laine brute produites annuellement en France, seules 4 % y sont transformées. « Nous voulons que tout éleveur puisse se réapproprier cette matière, quel que soit le mode de commercialisation qu’il choisit », plaide la Confédération paysanne, en insistant sur deux leviers : la formation et la création de centres de collecte de la laine. Aujourd’hui, la laine n’est même pas considérée comme un produit agricole dans la Pac.

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