Ils ont marqué 2017 7.Sa vie après Lactalis
Régis Mainguy et ses associés ont vu leur contrat rompu par l’industriel en janvier dernier. Ils livrent désormais leur lait pour la marque « C’est qui le patron ? ! ». Entre angoisse et soulagement, l’éleveur revient sur son année 2017 « hors-norme ».
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Tout est parti de l’émission d’Envoyé spécial « Lactalis : le beurre et l’argent du beurre ? », diffusée le 13 octobre 2016 sur France 2. Régis Mainguy y témoigne de son quotidien en pleine crise du prix du lait. « Mes associés n’étaient pas favorables à ce reportage, confie l’éleveur. Ils craignaient les représailles de la laiterie. De mon côté, j’y voyais une opportunité pour parler des relations difficiles avec nos industriels. »
Trois mois après la diffusion, le 12 janvier 2017, Régis reçoit un appel de Lactalis. « On m’informe que je vais recevoir un courrier. J’ai voulu en savoir plus, « vous verrez bien », m’a-t-on répondu. » Deux jours plus tard, le couperet tombe. L’éleveur reçoit une lettre recommandée l’informant de son éviction de la laiterie. C’est la douche froide, et le début des galères. Ils ont un préavis de douze mois pour trouver un autre débouché. « De mi-janvier à début mars, nous avons multiplié les contacts pour retrouver un collecteur. On a été refusés partout. À ce moment, personne n’avait besoin de lait. Mais surtout, j’ai compris que de nombreuses laiteries, y compris des coopératives, ont noué des accords de collecte avec Lactalis. Alors, nous reprendre aurait fait désordre… » Mais contre toute attente, l’horizon s’éclaircit. « Le 3 mars, je reçois un message de Nicolas Chabanne, cofondateur de la marque « C’est qui le patron ? ! ». Sur internet, les consommateurs de son lait équitable lui demandaient de nous accueillir. Il souhaite que l’on se rencontre. Perdu pour perdu, je le rappelle, et le rendez-vous est pris. »
Nouveau départ
Quelques semaines plus tard, la décision est actée : Régis et ses associés rejoignent la démarche de Chabanne. Mais il leur reste une ultime étape : quitter leur laiterie. « Nous avons saisi le médiateur des relations commerciales, car Lactalis ne répondait pas à nos courriers pour la sortie du contrat. Non sans mal, un accord a finalement été trouvé, et nous avons rejoint « C’est qui le patron ? ! » le 1er juillet. »
Le respect du cahier des charges de la marque du consommateur, qui impose pâturage et alimentation non-OGM, n’a pas posé de problèmes. « Depuis deux ans, nous n’utilisons plus de soja, et les vaches ont toujours été à l’herbe. »
Le plus grand bouleversement fut la réception de la première paie de lait. « Nous sommes passés d’un prix de base de 307 €/1 000 l en juin, à 385 € en juillet. Cela nous paraissait irréel. » Régis reste cependant lucide sur la situation actuelle de la filière laitière. « Dans notre canton, il y avait 30 exploitations laitières en 2010. Aujourd’hui, il n’en reste que 17. Il y a un vrai problème de fond. J’ai suivi de près les États généraux de l’alimentation. Le discours tenu sur le partage de la valeur est plaisant. Maintenant, il faut passer aux actes. »
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