Dans les pas de Paul Cezanne

L’enfant du pays longtemps incompris est enfin célébré. L’œuvre du peintre Paul Cezanne (1839-1906) est mise en lumière, cet été, dans sa ville natale d’Aix-en-Provence. Ses tableaux sont exposés au musée Granet qui autrefois a abrité une école de dessin.

Le jeune homme d’alors y apprend les rudiments du croquis et des compositions au crayon. Ce passionné abandonne ses études de droit et le destin de banquier offert par son père, mais jamais ne lâche ses pinceaux. Et ce, jusqu’à devenir le précurseur du cubisme. Son récit de vie nous est parvenu au travers de correspondances, notamment avec son ami d’enfance Émile Zola.

La bastide familiale ouverte aux visiteurs

À l’ouest d’Aix-en-Provence, la bastide du Jas de Bouffan devient la maison parentale quand Paul Cezanne a 20 ans. Elle est comme une matrice qui l’a vu bâtir son œuvre durant quarante ans. La demeure, la ferme attenante et le parc figurent dans trente-six huiles et dix-sept aquarelles du peintre. Cette bastide est désormais ouverte aux visiteurs curieux de marcher dans les pas de l’artiste.

Barbu dégarni, Cezanne se couvrait la tête d’un chapeau et partait à pied, chevalet et toile sur le dos, peindre sur le motif, comme l’avait encouragé Camille Pissaro. Il capture alors les chemins, talus et grands pins, la terre rouge, et « un motif étourdissant se développe du côté du levant : Sainte-Victoire et les rochers qui dominent Beaurecueil », écrit l’artiste. La montagne en question, dans son regard, se transforme en un cône abstrait mis en perspective. Les sentiers qu’il a sillonnés pour éprouver la « sensation forte de la nature » sont toujours là, accessibles aux marcheurs. Dans la colline de Bibémus, l’immersion dans les paysages cézanniens est une évidence. Les anciennes carrières de pierres ocres où le solitaire aimait se retirer et peindre, se découvrent en petit groupe.

Au-dessus d’Aix, l’atelier qu’il fait construire sur la colline des Lauves, lui donne un accès direct au panorama sur sa montagne préférée. Le lieu se visite également comme un sanctuaire inondé de lumière, où le célèbre tableau des Grandes Baigneuses a été achevé. Les fenêtres orientées sud dominent les toits roses de la ville et la cathédrale Saint-Sauveur que la famille Cezanne fréquentait.